Une nouvelle étude publiée dans la revue Global Ecology and Conservation documente une population florissante de Paon Spicifère (Pavo muticus) au nord de la Thaïlande alors qu’elle avait disparu d’une grande partie du Sud-Ouest de l’Asie au cours des dernières décennies.
Le Paon Spicifère (Pavo miticus) était une espèce très présente dans toute l’Asie du Sud-Ouest. Il a cependant disparu d’une grande partie de la région au cours des dernières décennies en raison de la perte d’habitat forestier, de la chasse excessive et des conflits avec les agriculteurs. Cette espèce n’est aujourd’hui présente que sur 16 % de son ancienne aire de répartition. Une nouvelle étude publiée dans la revue Global Ecology and Conservation a cependant observée une population prospère dans un réseau de quatre zones protégées dans la province de Phayao dans le nord de la Thaïlande. Selon les chercheurs, il s’agit de la plus grande population de paons Spicifère enregistrée en Asie du Sud-Ouest continentale.
Les chercheurs ont étudié en 2018 une zone de 1 500 km2 comprenant la zone interdite à la chasse de la faune sauvage de Tub Phaya Lor, le sanctuaire de la faune sauvage de Wiang Lor, le parc national de Doi Phu Nang, le parc national de Mae Yom et les terres agricoles environnantes. Sur une base de 1 615 oiseaux, ils ont calculé qu’il y avait en moyenne 15,82 mâles de paon Spicifère par km2. Dans le passé, les forêts protégées où ont été observés les paons ne bénéficiaient pas de patrouille de gardes forestiers et ont ainsi gravement souffert du braconnage et de l’empiètement agricole. Les grands carnivores comme les tigres et les léopards et de nombreuses espèces d’ongulés ont alors disparu des forêts du nord. Tommaso Savini, co-auteur de l’étude et biologiste de la conservation à l’Université de technologie du roi Mongkut à Thonburi a déclaré au site d’informations Mongabay que « l’absence de prédateurs et de concurrents pourrait être à l’origine de l’explosion de la population de paon Spicifère ».
Les auteurs ont cependant noté que ces paons avaient tendance à s’aventurer hors de la forêt pour s’alimenter sur les terres agricoles voisines. Ce comportement crée un conflit avec les agriculteurs qui vont tenter de protéger leurs cultures en les chassant. Les paons sont considérés comme des nuisibles. Par conséquent, les agriculteurs ripostent souvent en empoisonnant les oiseaux ou en postant des chiens de garde dans les champs pour les faire fuir. « Si les paons souffrent de la chasse aux chiens dans le paysage agricole, c’est un problème, mais si les chiens commencent à s’enfoncer dans la forêt, c’est un autre problème », a déclaré M. Savini. « La prochaine étape de gestion sera de savoir comment travailler avec la communauté locale au niveau de l’exploitation agricole afin de réduire la possibilité de conflit homme-faune ».
