🔻Rapport Birdlife 2020 : des oiseaux porteurs de bonnes nouvelles

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Que nous disent les oiseaux sur les progrès réalisés par rapport aux objectifs d’Aichi et aux exigences du cadre de la biodiversité pour l’après-2020 ? Ils nous apporteraient plutôt de bonnes nouvelles, selon l’ONG internationale Birdlife, qui a choisi un ton résolument optimiste –mais pas naïf- pour présenter son rapport Oiseaux et objectifs de biodiversité.

Une hirondelle peut-elle faire le printemps ? Dans l’avalanche de récents rapports sur la dégradation accélérée de la biodiversité mondiale, on peut trouver un peu de réconfort à la lecture du rapport Birds ans biodiversity targets, publié par l’ONG Birdlife. La démarche originale choisie par l’ONG a consisté à croiser 18 des 20 objectifs d’Aïchi (issus en 2010 de la Convention pour la diversité biologique) avec la réalité observé sur le terrain sous l’angle des populations d’oiseaux. Et les enseignements qui en émergent, s’ils ne sont globalement guère plus réjouissants que ceux issus des autres rapports récemment publiés, mettent toutefois le doigt sur un certain nombre de réussites porteuses d’espoir, bien que très localisées.

Les oiseaux sont en effet d’excellents indicateurs environnementaux. Les données sur les oiseaux suggèrent que nous n’avons atteint aucun des 18/20 objectifs d’Aichi évalués : les facteurs sous-jacents de la perte de nature demeurent, la biodiversité n’étant pas encore suffisamment prise en compte dans tous les secteurs. L’agriculture, la sylviculture et les pêcheries continuent d’être gérées de manière non durable, ce qui entraîne la perte et la dégradation des habitats. La pollution, les espèces exotiques envahissantes et le changement climatique constituent des menaces croissantes pour les oiseaux et les autres éléments de la biodiversité. Les réseaux de zones protégées sont encore loin d’assurer une couverture adéquate des zones importantes pour les oiseaux et la biodiversité (ZICO, zones clés pour la biodiversité identifiées pour les oiseaux), 36 % des ZICO étant entièrement non protégées. Les espèces continuent à être poussées vers l’extinction, le déclin des espèces communes compromettant la fourniture de services écosystémiques tels que la pollinisation.

Néanmoins, les oiseaux donnent de l’espoir… Pour la plupart des objectifs évalués, on constate des succès et des tendances positives pour certains aspects, espèces ou lieux : les oiseaux aident les citoyens et les décideurs à prendre conscience de la nature et de la crise de la biodiversité. Les données sur les oiseaux sont utilisées pour intégrer la biodiversité dans tous les secteurs, par exemple pour les institutions et les entreprises qui doivent détecter les risques pour la biodiversité lors de la planification de projets et de développements. Des systèmes d’incitation réformés, tels que les programmes agroenvironnementaux, ont contribué à ralentir ou à inverser le déclin des populations d’oiseaux. Les pratiques de chasse non durables sont en train d’être éliminées grâce aux efforts de conservation des communautés dans certains endroits. Les mesures d’atténuation réduisent les prises accessoires d’oiseaux de mer dans les zones de chalutage, tandis que les actions visant à réduire la pollution profitent à de nombreuses espèces.

Plus de 160 espèces d’oiseaux indigènes ont bénéficié de l’éradication réussie des espèces envahissantes sur les îles, tandis que la biosécurité a sauvé au moins une espèce d’oiseau de l’extinction. Les efforts de conservation ont permis d’éviter l’extinction de 18 espèces d’oiseaux depuis 2010, et ont ralenti le taux d’extinction effectif des oiseaux d’au moins 40 %. La conservation des zones importantes pour les oiseaux et la biodiversité profite généralement aux populations et à la biodiversité : les zones importantes pour la conservation des oiseaux et de la biodiversité dans le monde entier contiennent 300 gigatonnes de carbone, soit près de 9 % des stocks mondiaux de carbone, de sorte que leur conservation contribue également à l’atténuation du changement climatique.

Les sciences participatives produisent de plus en plus de données sur la présence et l’abondance des oiseaux, ce qui permet d’adopter des approches innovantes pour leur conservation. Ces résultats fournissent également des informations précieuses pour l’élaboration et la mise en œuvre des objectifs du cadre mondial pour la biodiversité de l’après-2020, actuellement en cours de négociation dans le cadre de la Convention pour la diversité biologique. Les oiseaux montrent la voie vers un ensemble d’objectifs et de cibles plus efficaces et plus « intelligents », et fournissent une série de mesures et d’indicateurs permettant de mesurer les progrès accomplis. Ils sont également à l’origine de mesures de mise en œuvre plus efficaces, notamment en matière de rapports, de vérification, de ressources et de coopération internationale.

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