On en apprend, des choses, en lisant les journaux ! Ainsi, Le Monde nous indique-t-il ce matin: « Dérèglement climatique : l’humanité à l’aube de retombées cataclysmiques, alerte le GIEC – La vie sur Terre pourra se remettre d’un « changement majeur », mais pas l’humanité, met en garde un projet de rapport des experts climat de l’ONU ». Quelques clics plus loin, sur la même page, on se réjouit avec l’industrie aéronautique : « Airbus a sifflé la fin de la crise. Bientôt, la pandémie de Covid-19 ne sera plus qu’un mauvais souvenir pour l’avionneur européen, qui se projette à grande vitesse dans le monde d’après. A en croire Christian Scherer, le directeur commercial du groupe, le retour aux cadences de production connues avant la pandémie pourrait même être beaucoup plus rapide que prévu. Le patron des ventes anticipe un retour à meilleure fortune « entre 2023 et 2025 ». Un lien entre les deux infos ? Cherchez bien…
Ainsi vont les médias, comme va la société, et comme va parfois chacun d’entre nous : en silos. Les journalistes de la rubrique économie ont-ils seulement lu la dépêche sur l’alarme du GIEC ? Quoi qu’il en soit, ce n’est pas leur sujet, pas leur angle. Chacun son métier, chacun son couloir, chacun son savoir et sa formation, et l’actu sera bien gardée.
Dans ce contexte, l’initiative de l’Ecole supérieure de journalisme (ESJ-Pro) de Montpellier doit être saluée : pendant deux semaines, une promotion de jeunes journalistes s’est installée dans la plaine de la Crau, pour explorer en profondeur, sous tous les angles, ce territoire sensible, où des espaces naturels protégés voisinent avec les implantations industrielles de l’étang de Berre. Ils sont encadrés dans cette aventure par le rédacteur en chef adjoint d’Infonature.media, Jean-Baptiste Pouchain, qui relaie leurs découvertes et leurs productions (voir ci-dessous). Demain, ces journalistes-là feront vivre des rubriques économie, sports, international ou politique. Ils ne pourront sûrement pas le faire sans garder en tête ce qu’ils auront découvert, sur le terrain, de la réalité de la double crise du climat et de la biodiversité qui sera le cadre de l’actualité qu’ils traiteront au quotidien.
Il est devenu banal de citer Gramsci. N’empêche : la bataille culturelle est bien la mère de toutes les batailles politiques. L’univers des médias n’y échappe évidemment pas. Vivement que toutes les écoles de journalisme emboitent le pas de l’ESJ-Pro !