C’est une de ces histoires grinçantes que les militants de Black Lives Matter se racontent dans leurs moments de détente. Un Noir se promène sur le trottoir d’une rue commerçante de Dallas. Armé d’un énorme couteau de boucher, un suprémaciste Blanc se précipite sur lui en hurlant des injures racistes et lui plante son couteau entre les omoplates. Alors que la victime gît au sol, son agresseur visiblement satisfait contemple son œuvre au milieu de l’attroupement qui s’est formé. Toutes sirènes hurlantes, deux voitures de police déboulent, et les flics qui en émergent se hâtent de ceinturer et de passer les menottes… au Noir. Pour « Port d’arme prohibée ».
La même histoire, parfaitement authentique cette fois. Le 10 décembre dernier, une centaine de manifestants investissent pendant une dizaine de minutes le site de la cimenterie Lafarge de Val-de-Reuil, dans l’Eure, histoire de dénoncer les activités de la multinationale et l’artificialisation des terres agricoles et forestières qui disparaissent face à l’avancée du béton. Dix minutes… Le temps de taguer quelques slogans menaçants du genre « Moins de ciment, Plus de vivant et de paysans ». Ils en profitent pour rappeler les exploits de Lafarge en Syrie : neuf cadres de l’entreprise et la société elle-même sont poursuivis pour « financement d’entreprises terroristes » et « non-respect de sanctions financières internationales », ainsi que pour « complicité de crimes contre l’humanité ». Pas moins. En 2013 et 2014, Lafarge a payé plusieurs millions d’euros « dans l’intention de voir ces fonds utilisés ou en sachant qu’ils étaient destinés à être utilisés, en tout ou partie, en vue de commettre des actes de terrorisme » (c’est le Parquet qui l’écrit) par les groupes Ahrar Al-Cham, Jabhat Al-Nosra − à l’époque affilié à Al-Qaida − et Etat islamique (EI).
Ce lundi 8 avril, 17 personnes ont été arrêtées en Normandie et en Ile-de-France, dans une spectaculaire opération menée par la Sous-direction antiterroriste (SDAT) de la Direction centrale de la police judiciaire.
Des cadres de Lafarge qui auraient magouillé avec Daesh ? Eh non. De dangereux militants qui se sont invités -pendant dix minutes…- sur le site du Val-de-Reuil, lourdement armés de bombes de peinture et coupables de quelques jets de mousse expansive dans des tuyaux bien choisis…
Deux semaines avant ce magistral coup de filet des pandores antiterroristes, le Premier ministre Gabriel Attal avait décidé de rehausser la posture du plan Vigipirate sur l’ensemble du territoire national au niveau « Urgence attentat ». C’était donc pour ça…