La Cour des comptes souligne la difficulté pour les cultures céréalières de concilier production pour l’export, transition agroécologique et partage de l’eau, mettant en garde contre le risque de « mal-adaptation » de certaines solutions de stockage de l’eau.
Premier producteur européen de céréales, la France voit ses rendements de blé stagner depuis la fin des années 1990. Sous l’effet du changement climatique, ils vont baisser dans la partie sud de la France, pour le blé comme pour le maïs, en raison du stress hydrique estival « qui ne pourra pas être partout compensé par l’irrigation ».
L’irrigation – qui concerne 6,8% de la surface agricole utile (SAU) et la moitié des céréales, contre par exemple 20% de la SAU en Espagne – est amenée à augmenter et, avec elle, les conflits d’usage de l’eau, qui « vont se durcir ».
« En France, dans certains bassins, l’usage agricole en période estivale représente plus de 90% de l’eau consommée », rappelle la Cour.
Les ouvrages de stockage – plans d’eau, retenues collinaires alimentées par l’eau de ruissellement ou réserves de substitution alimentées par pompage dans les nappes souterraines, qualifiées de « bassines » par leurs détracteurs – « sont souvent +contestés au nom du partage équitable de la ressource+ », souligne la Cour des comptes.
« Ils peuvent dans certains cas présenter un risque de mal-adaptation au changement climatique, selon leur taille, leur situation et leur mode de remplissage », estime l’institution.
La Cour relève que d’autre pistes sont envisagées, donnant l’exemple du département de Haute-Garonne qui « a lancé une expérimentation visant à recharger la nappe phréatique grâce à une centaine de kilomètres de rigoles et de fossés avec l’eau de la Garonne pour apporter un soutien d’étiage naturel supplémentaire en période sèche ».
Dans ce rapport largement consacré à l’adaptation, la Cour des compte relève que l’agriculture est un secteur émetteur de gaz à effet de serre (19% des émissions nationales). Mais elle n’y aborde pas la question de l’élevage, responsable à lui seul de la moitié des émissions agricoles.
Dans un précédent rapport publié en mai 2023 et qui avait suscité la colère des éleveurs, elle recommandait au gouvernement de « définir et rendre publique une stratégie de réduction » du nombre de vaches élevées en France, celles-ci rotant en grande quantité du méthane, un puissant gaz à effet de serre.