Une nouvelle étude vient complexifier le tableau du déclin mondial des insectes : si les espèces terrestres connaissent bien une diminution globale de leurs populations, les insectes d’eau douce, en revanche, augmentent chaque année, probablement du fait de législations efficaces.
Les insectes sont parmi les espèces les plus abondantes et les plus diverses de la planète et jouent des rôles clés, de l’aération des sols à la pollinisation et au recyclage des nutriments. Des études de cas, comme celle des réserves naturelles de l’Allemagne de l’ouest, ont récemment indiqué une chute spectaculaire du nombre d’insectes volants, avec une diminution d’environ 75 % en 27 ans. Une nouvelle étude, la plus importante réalisée à ce jour, indique que le tableau du déclin des insectes est plus complexe qu’on le pensait. Selon les auteurs, le nombre d’insectes terrestres est en nette diminution, tandis que les insectes d’eau douce sont en augmentation.
S’appuyant sur les données de 166 enquêtes menées sur 1 676 sites à travers le globe, l’étude brosse un tableau très nuancé et variable de l’état de santé des insectes. La compilation indique que les insectes comme les papillons, les fourmis et les sauterelles diminuent de 0,92 % par an, soit plus d’un quart d’insectes en moins en 30 ans. Un taux inférieur à de nombreux taux publiés, mais qui reste substantiel. Les pertes ont été les plus importantes aux États-Unis et en Europe, notamment en Allemagne. L’analyse montre que les insectes volants ont effectivement diminué en moyenne, confirmant le « phénomène du pare-brise » : beaucoup de gens ont la perception instinctive que les insectes diminuent car ils voient moins d’insectes morts sur les pare-brise des voitures.
Cependant, alors que de nombreuses espèces terrestres sont en déclin, les résultats montrent que les insectes vivant dans l’eau douce, comme les moustiques et les éphémères, augmentent de 1,08 % par an. Cette tendance positive a été forte en Europe du nord, dans l’ouest des États-Unis et, depuis les années 1990, en Russie. Les chercheurs pensent que cela est dû à la législation qui a permis d’assainir les rivières et les lacs pollués, et que cela devrait montrer une voie possible et encourageante pour les autres catégories d’insectes.
Cependant, l’augmentation des insectes aquatiques ne compensera pas les pertes en insectes terrestres, car ils ne représentent pas plus de 10% du total des insectes, selon les auteurs. Les scientifiques rappellent enfin qu’il n’y a pas de preuve irréfutable du déclin des insectes, mais qu’ils estiment que la destruction des habitats naturels due à l’urbanisation est la clé du problème.