Une analyse étendue des coraux profonds de Méditerranée montre qu’ils pourraient disparaître d’ici 2100 si le réchauffement et l’acidification de l’eau continue au rythme actuel.
Les eaux tropicales ne sont pas les seules à héberger des coraux : dans les profondeurs des mers et océans des régions tempérées et sub-polaires se développent également des structures coralliennes. Plongées dans l’obscurité, elles forment un squelette calcaire dur, souvent branchu, et se nourrissent de particules et nutriments présents dans l’eau froide. En mer Méditerranée, ces coraux vivent dans les eaux à des profondeurs entre 200 et 700 m, dont les températures varient de 12 à 14°C. [ihc-hide-content ihc_mb_type= »show » ihc_mb_who= »1,2,3,4,5″ ihc_mb_template= »1″ ]
Plusieurs missions océanographiques impliquant le Laboratoire des Sciences du Climat et de l’Environnement (LSCE) et utilisant des robots submersibles ont permis de prélever des branches de coraux vivants et fossiles en mer d’Alboran, au sud de la Sardaigne, dans le détroit de Sicile ou encore au sud de l’Italie et de Chypre. Des scientifiques ont ensuite daté, au carbone 14 et avec les isotopes de l’uranium et du thorium, les périodes de vie des coraux fossiles, puis analysé chimiquement les branches calcaires afin de reconstruire précisément l’évolution passée de la température et de l’acidité des océans durant ces périodes.
Leurs résultats indiquent que les coraux profonds de Méditerranée se sont acclimatés aux cycles climatiques successifs et se sont développés malgré des températures extrêmement froides (quelques degrés Celcius), notamment lors du dernier maximum glaciaire, il y a 20.000 ans. Depuis 11 000 ans, ils se sont adaptés à des conditions physico-chimiques très stables : températures de 12-13°C et pH de 8-8,1. En 150 ans, les eaux de surface se sont toutefois réchauffées de près d’un degré Celcius, et acidifiées de plus d’un dixième d’unité de pH.
Les eaux profondes où vivent les coraux de Méditerranée suivent la même tendance, et les auteurs alertent sur une possible disparition de ces écosystèmes d’ici 2100, si ce processus conduit au dépassement des seuils de température et de pH favorables à leur développement. Ils indiquent toutefois que les coraux survivraient au-delà du détroit de Gibraltar, en Atlantique Nord, où ces seuils critiques ne devraient pas être dépassés.
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