Les cycles océaniques influent sur la survie des oiseaux marins (1 min 30)

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Fou de Nazca
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Le Centre d’écologie fonctionnelle et évolutive a mis en évidence l’impact de cycles océaniques (oscillation décennale Pacifique et El Niño) sur la survie d’un oiseau marin, le Fou de Nazca.

Les variations climatiques à l’échelle internationale peuvent impacter directement la survie des oiseaux marins : tel est le résultat d’une étude menée par des chercheurs du Centre d’écologie fonctionnelle et évolutive, qui a pris pour exemple le cas du Fou de Nazca. Cet oiseau nichant aux îles Galapagos se nourrit principalement de sardines et peut vivre jusqu’à 15 ans. Les régions du Pacifique qui forment son aire de répartition sont soumis à deux cycles océaniques avec des variations climatiques naturelles : le phénomène El Niño et l’oscillation décennale du Pacifique (ODP). Le premier, une oscillation périodique allant de 2 à 7 ans, provoque notamment d’intenses pluies en Amérique du Sud, tandis que le deuxième est une variation de la température de surface de l’eau. Ces deux phénomènes causent ainsi « d’importantes modifications dans l’abondance des sardines et des anchois au niveau des upwellings (remontées d’eaux riches en nutriments du fond des océans) », explique dans un communiqué le Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), qui a participé à l’étude. Or ces deux espèces de poissons, en particulier la sardine, sont les principales sources d’alimentation des Fous de Nazca, qui sont donc affectés par leur variations d’abondance. Pendant près de 30 ans, entre 1984 et 2012, de jeunes Fous ont été bagués et suivis par les scientifiques, qui ont mis en évidence que « la survie des jeunes Fous de Nazca est très faible lors d’événements El Niño car ces périodes sont marquées par une faible quantité de poissons ». Chez les adultes, c’est plutôt l’ODP qui est déterminant : lors des phases de températures chaude du cycle décennal, qui permettent aux sardines de proliférer, la mortalité des Fous est, contrairement aux attentes, plus élevée. « Cette surprenante corrélation pourrait s’expliquer par un coût de reproduction plus important : les adultes perdraient plus d’énergie dans la reproduction (moins d’abandon du nid) au détriment de leur propre survie », souligne le CNRS. À l’inverse, lors de phases froides du cycle, la survie des adultes est meilleure car la mortalité des petits et l’abandon du nid leur permettent de récupérer plus rapidement. Les chercheurs souhaitent désormais étendre l’étude à d’autres oiseaux marins pour mieux comprendre et prédire les effets indirects du changement climatique sur leur survie.