Du caractère non-aléatoire de la dispersion des espèces (1 min)

Photo © Eileen-Kumpf-Fotolia

1804
⏱ Lecture 2 mn.

Une nouvelle étude démontre sur un large panel d’espèces, allant des micro organismes aux vertébrés, que la dispersion des individus répond aux forces créées par les autres espèces présentes dans le réseau écologique.

La dispersion est l’un des facteurs communs à de nombreux animaux : pour s’adapter aux modifications continuelles des milieux, ils se déplacent au cours de leur vie afin de s’installer dans des habitats de bonne qualité, créant par la même des flux de gènes entre populations et façonnant l’évolution des espèces. La complexité du phénomène de dispersion, qui répond à des règles communes de fonctionnement, est un élément-clé à prendre en compte pour effectuer des projections sur le devenir de la biodiversité dans le contexte des changements globaux. Or elle est souvent «simplifiée à l’excès dans les modèles prédictifs », avertit le Centre national de la recherche scientifique (CNRS), qui a participé, avec de nombreux chercheurs internationaux, à une étude sur le sujet, parue dans la revue Nature Ecology & Evolution. Afin de démontrer que la dispersion n’est pas aléatoire, et d’identifier les facteurs écologiques qui déterminent ses mouvements, les scientifiques ont conduit une expérience sur 21 espèces allant des microorganismes aux vertébrés (araignées, lézards, escargots, papillons…). Ils ont trouvé une corrélation entre la dispersion et la présence de prédateurs ainsi que la faible abondance de nourriture dans leur habitat. En effet,« ces deux caractéristiques de l’habitat augmentent généralement les taux de dispersion de façon consistante entre espèces pour les ressources, mais de façon plus variable pour la présence de prédateur. Cette expérience coordonnée confirme donc que la dispersion est une stratégie d’évitement d’environnements de mauvaises qualités qui est conditionnée par les autres espèces d’un réseau écologique. » Enfin, en se basant sur cette dispersion non-aléatoire, les chercheurs ont modélisés les conséquences sur les dynamiques des populations et des communautés à l’échelle locale et régionale. « La dépendance de la dispersion aux prédateurs et aux ressources réduit les fluctuations spatio-temporelles et augmente la stabilité des écosystèmes, affirme le CNRS.De plus, la conditionnalité de la dispersion d’une espèce influence aussi la dynamique des populations de ses proies et ses prédateurs, et donc affecte l’ensemble du réseau écologique. » Une autre façon de dire que tout est lié, et que le mouvement des uns entraîne celui des autres !

Lire l’étude