La capacité de la population humaine à continuer de croître, ou à se stabiliser, dépend fortement des services écosystémiques. Or ces services se dégradent de plus en plus à mesure que le nombre d’individus augmente et que la biodiversité décline.
Dans une étude parue dans la revue scientifique Science of The Total Environment, une équipe de scientifiques – menée par les chercheurs français Victor Cazalis et Michel Loreau – a répondu à la question : Devons-nous choisir entre nourrir l’humanité et protéger la nature ? La Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB) publie une synthèse de leur étude.
En construisant un modèle dynamique pour conceptualiser les liens entre la proportion mondiale des habitats naturels et la démographie humaine à travers quatre catégories de services écosystémiques (approvisionnement, réglementation, loisirs culturels et informationnels) les chercheurs ont essayé de déterminer si la trajectoire actuelle du développement humain pouvait conduire à un effondrement similaire à celui constaté par le passé avec la disparition de plusieurs civilisations humaines.
Ils ont montré en premier lieu qu’il existe généralement un compromis entre la qualité de vie et la taille de la population humaine qui suit quatre scénarios :
- Deux scénarios de déclin de la population :
- Dans le cas d’une production alimentaire forte au détriment des services de régulation tels que la qualité de l’air et de l’eau, la pollinisation ou la régulation des maladies, entraînant une augmentation du taux de mortalité et une dégradation de la nature
- En cas de surexploitation des terres entraînant une diminution de la production alimentaire ou de baisse de l’efficacité de la production alimentaire qui ne couvre plus les besoins de la population.
- Un état de famine stable où la population continue de croître avec une faible alimentation.
- Un futur souhaitable en cas de compromis entre la conversion des terres pour nourrir toute la population et la conservation de la biodiversité et des services écosystémiques
Les deux scénarios de déclin sont dictés par des processus antagonistes entre conversion des terres pour l’agriculture et conservation des milieux naturels. Cependant, les deux sont incontestablement négatifs pour le bien-être humain et la nature : la conversion d’un trop grand nombre de terres naturelles en terres exploitées a des conséquences négatives sur les services de régulation et donc sur la population. Au contraire, la conservation de la nature préserve les services de régulation, mais est responsable de famine, si elle ne laisse pas de place à la production agricole.
La seule solution pour un futur souhaitable est de préserver à la fois les services écosystémiques d’approvisionnement et de régulation par un compromis équilibré entre la conservation de la nature et la conversion des terres pour l’agriculture. Ce scénario intermédiaire n’est possible qu’en évitant un emballement de la démographie et en conservant une population relativement « petite » autour de 10 milliards d’individus.