Les préférences sexuelles de la drosophile : une affaire de culture ! (1 min 30)

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Une étude montre que les drosophiles possèdent les capacités cognitives pour transmettre culturellement leurs préférences sexuelles d’une génération à l’autre. C’est la première fois qu’un tel comportement est démontré chez un insecte.

C’est officiel : les mouches drosophiles ont des préférences sexuelles, et celles-ci se transmettent de façon culturelle. On connaissait l’existence de variations comportementales dans des groupes différents de primates ou d’oiseaux, suggérant des cultures propres et socialement transmises, mais c’est la première fois que le champ de recherche de la culture animale s’étend aux insectes. Des chercheurs du Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS) et de l’université Toulouse III – Paul Sabatier se sont intéressés aux drosophiles, connues pour leur capacité à apprendre et imiter les préférences sexuelles de leurs congénères après avoir observé leurs accouplements. Ils ont voulu savoir si les mouches possédaient les capacités cognitives pour que cette transmission soit considérée comme culturelle. Les tests ont montré qu’elles remplissaient cinq critères prouvant la transmission culturelle : « le comportement est « appris socialement, c’est-à-dire en observant des congénères ; […] enseigné par des individus plus âgés, […] mémorisé à long terme, […] concerne des caractéristiques des individus, telle que leur couleur, plutôt que les individus eux-mêmes, et [est] conformiste, c’est-à-dire que les individus [apprennent] le comportement le plus fréquent dans la population, » créant des traditions locales durables. Des simulations ont été effectuées, montrant que les mécanismes de ces dernières peuvent se résumer à des chaînes de transmission où une première génération de mouches observatrice de comportements sexuel chez une génération antérieure devient finalement la nouvelle génération démonstratrice de ces comportements. « Ainsi, les drosophiles ont toutes les capacités d’apprentissage social pouvant conduire à l’émergence de traditions culturelles durables. » Ces résultats suggèrent que « l’hérédité culturelle pourrait affecter l’évolution d’un très grand nombre d’espèces animales, bien au-delà des seuls vertébrés à forte capacité cognitive tels que les primates et les oiseaux. »

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