Un virus qui déforme les ailes des abeilles sauvages mellifères réduit leur durée de vie.
Ce virus, propagé par de microscopiques mites, perturbe le butinage des abeilles et raccourcit leur vie, ont montré pour la première fois des expériences menées par une équipe de chercheurs. « Le virus de l’aile déformée a fortement réduit les chances des ouvrières de vivre au-delà de l’âge du butinage, expliquent les scientifiques dans la revue Royal Society journal Proceedings B. Il a aussi réduit l’espérance de vie et l’ensemble des activités » des abeilles infectées.
Dans le monde entier, et particulièrement en Europe et en Amérique du Nord, les abeilles ont été décimées ces dernières années par un mal mystérieux, le « syndrome de l’effondrement des colonies », qui se traduit par la disparition ou la mort de populations entières. Les chercheurs ont accusé les pesticides, des virus, des champignons, des parasites ou la malnutrition résultant de cultures moins variées et de fleurs moins nombreuses.
L’enjeu n’est pas seulement la survie des abeilles. Des scientifiques ont récemment calculé que 1,4 milliard d’emplois et les trois quarts des cultures mondiales dépendent des pollinisateurs, principalement des abeilles. Au total, environ 20.000 espèces d’abeilles fertilisent plus de 90% des 107 principales cultures du monde.
Parallèlement, les Nations unies estiment que 40% des pollinisateurs invertébrés -en particulier des abeilles et des papillons- sont menacés d’extinction.
Le virus a déjà été reconnu comme une menace pour les abeilles dont il détériore la capacité à se souvenir de l’endroit où elles sont allées. Cet agent pathogène est présent presque partout dans le monde et touche jusqu’aux trois quarts des ruches dans certaines zones. Il était également soupçonné d’affecter le vol et la durée de vie mais les preuves manquaient. Cette nouvelle étude lève tous les doutes. Une équipe de chercheurs dirigée par Kristof Benaets, du Laboratoire de socio-écologie et d’évolution sociale de Louvain (Belgique), a réalisé une expérience utilisant la radio-identification. De petits émetteurs placés sur des abeilles saines et d’autres infectées ont permis aux scientifiques de suivre leurs mouvements et de les comparer. « Suivre l’activité en dehors des ruches est essentiel pour étudier l’impact d’agents pathogènes sur la santé des abeilles mellifères », soulignent les chercheurs.
Le virus n’a pas réduit le nombre ou la durée des sorties effectuées par les ouvrières pour collecter du pollen. Mais il les a poussées à commencer à butiner trop jeunes, a révélé l’étude. Elles étaient moins douées pour accomplir leur tâche et sont mortes plus tôt que les abeilles non infectées.