Onze arrêtés ministériels fixant les quotas de chasses « traditionnelles » (glu, matoles, tenderies) dans plusieurs départements français viennent d’être publiés au Journal Officiel. Ils autorisent pour la campagne de chasse 2019-2020 la capture de plus de 150 000 oiseaux sauvages.
42 500 grives et Merles noirs pourront être piégés à l’aide de gluaux, fins bâtons enduits de glu placés en haut des arbres, dans 5 départements de la région PACA (Alpes Maritimes et de Haute Provence, Vaucluse, Var, Bouches-du-Rhône) ; 106 500 Alouettes des champs pourront être attrapées à l’aide de pantes (grands filets horizontaux) ou de matoles (petites cages tombantes) dans les Landes, la Gironde, le Lot et Garonne et les Pyrénées-Atlantiques ; 5 800 Grives et merles noirs, 1 200 Vanneaux huppés et 30 Pluviers Dorés pourront être capturés au moyen de filets ou de collets par les adeptes de la tenderie dans les Ardennes. A noter que d’autres espèces non autorisées deviennent souvent les victimes de ces modes de chasse peu sélectifs, tel un Faucon crécerelle tué par un piège à la glu dans le Var.
Dans une décision du 9 décembre 2004, la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) avait condamné l’Espagne pour avoir autorisé la chasse à la glu sur son territoire. La Cour relevait alors que « la chasse aux grives au moyen de gluaux telle qu’organisée sur le territoire de la Communauté́ de Valence ne permet pas d’éviter la capture d’oiseaux autres que des grives », ce qui contrevient aux dispositions de la directive européenne du 2 avril 1979. [ihc-hide-content ihc_mb_type= »show » ihc_mb_who= »1,2,3,4,5″ ihc_mb_template= »1″ ]
Ces derniers arrêtés font en outre suite à deux autres pris par la Ministre au cours de l’été permettant l’abattage de 6 000 Courlis cendré puis de 18 000 Tourterelles des bois, deux espèces menacées. Le premier a été suspendu par le Conseil d’Etat suite à un recours de la LPO, les démarches sont en cours pour le second, et la LPO se prépare désormais à attaquer ceux-ci. Le 25 juillet dernier, la Commission européenne a également mis en demeure la France pour manquement à ses obligations de protection des espèces menacées, ciblant notamment leur piégeage indifférencié sous prétexte de traditions ; en vain donc.
L’Association française des parcs zoologiques (AFdPZ) a vigoureusement critiqué ces arrêtés et apporté son plein soutien à la LPO dans les actions qu’elle entend conduire. « Nous participons activement au groupe de travail sur le bien-être animal mis en place par le Ministère de la Transition écologique. Et simultanément, ce ministère autorise des pratiques barbares qui vont à l’encontre des objectifs qui nous sont assignés », dénonce Rodolphe Delord, le Président de l’AFdPZ. Il avait déjà adressé en début d’année un courrier au Ministre de la Transition écologique (François de Rugy) pour rappeler la condamnation par les zoos français de la chasse à la glu, qui inflige des souffrances inutiles aux oiseaux. Il consiste à enduire des branches d’un liquide visqueux qui piège l’oiseau venu s’y poser. Les oiseaux capturés subissent des dommages irréparables : plumes arrachées, articulations démises en se débattant, intoxication par les diluants, stress… comme en témoignent plusieurs rapports vétérinaires. En outre, comme l’indique la Commission européenne, cette méthode n’est pas sélective : elle touche aussi des oiseaux protégés. Même s’ils sont relâchés, leurs chances de survie sont faibles en raison des blessures infligées.
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