🔻 Une nouvelle classification pour évaluer la gestion des actions de conservation

Photo d'illustration ©Iramuse-Wikimedia.

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Une nouvelle technique de classification des actions de conservation a été présentée dans un article publié dans la revue Nature Communications Biology, permettant de catégoriser ces actions selon leur effet sur les écosystèmes.

Afin de lutter contre l’érosion de la biodiversité et pour préserver les écosystèmes, des actions de conservation sont mises en place. Des chercheurs de la Wildlife Conservation Society (WCS) et l’université de British Columbia (UBC) ont réalisé une étude récemment publiée dans Nature Communications Biology. Celle-ci explique que la plupart des actions de conservation se concentrent principalement sur la préservation des critères initiaux des écosystèmes, à travers des mesures de « résistance ». Les chercheurs notent que malgré cette tendance à maintenir coût que coût les écosystèmes tels qu’ils sont à l’origine, de plus en plus d’actions de conservation ont pour objectif de faire évoluer l’écosystème afin qu’il s’adapte au changement climatique. Afin de catégoriser les différentes actions entreprises, les scientifiques de la WCS et de l’UBC ont travaillé sur une nouvelle méthode de classification.

La classification la plus utilisée dans le domaine de la conservation se divise en trois catégories : (1) la Résistance, qui consiste à résister aux changements afin de maintenir l’écosystème selon ses critères d’origines. (2) la Résilience, qui vise à améliorer la capacité d’un écosystème à revenir aux conditions souhaitées après une perturbation. (3) la Transformation, qui a pour objectif de permettre et/ou faciliter la transition d’un écosystème vers de nouvelles conditions. D’autres typologies de ce type existent. Pour chacune d’elles, des éléments de définition sont rajoutés ou enlevés. Cela rend la classification imprécise, selon les auteurs de l’étude, et limiterait le potentiel analytique, l’applicabilité dans le monde réel et la reproductibilité des typologies. Pour remédier à cela, les scientifiques proposent un nouveau modèle de classification basé sur la typologie initiale RRT – Résistance – Résilience – Transformation. Cette nouvelle échelle permettrait selon eux d’obtenir des concepts bien définis et délimités, applicable à un large éventail d’écosystèmes.

Le modèle initial du RRT propose donc trois catégories distinctes. Le nouveau modèle proposé par les équipes du WCS et de l’UBC comporte plus de nuances et se divise en six catégories. (1) La résistance active, qui désigne les actions mises en place pour maintenir au mieux l’état d’origine d’un écosystème. (2) La résistance passive, qui prend en compte les actions un peu strictes visant à maintenir l’état d’origine d’un écosystème. (3) La résilience, qui décrit les interventions renforçant la capacité des écosystèmes à revenir aux conditions souhaitées (passées ou présentes) après une perturbation, tout en reconnaissant que certaines évolutions sont inévitables. (4) La transformation autonome qui représente les actions destinées à faciliter la transition autonome vers de nouvelles structures et fonctions. (5) La transformation dirigée qui comporte les actions favorisant la transition vers de nouvelles structures et fonctions d’un écosystème. (6) La transformation accélérée dont les actions sont destinées à faire évoluer rapidement un écosystème vers de nouvelles structures et fonctions.

Cette typologie s’aligne sur la classification initiale en admettant que la résilience partage le même objectif final que la résistance, soit celui qui consiste à limiter les changements. Cependant, ce nouveau modèle accepte que certains changements soient inévitables et parfois souhaitables. Par exemple, la restauration d’écosystèmes forestiers comportant une diversité d’espèces indigènes peut accroître la résilience (parce qu’il est plus probable que certaines espèces d’arbres continuent à persister et à fonctionner pendant une perturbation comme la sécheresse ou un incendie), mais elle peut également entraîner des changements dans la composition des communautés. Cette nouvelle typologie permet également de situer de manière plus précise l’objectif des actions de conservation. Les résultats de l’étude publiée dans Nature Communications Biology montrent que sur un échantillon de 104 projets de conservation financés entre 2011 et 2019, 40% d’entre eux sont classés dans la catégorie « Résilience », 26 % dans la catégorie « transformation autonome », 18% dans « transformation dirigée » et 10% dans la « résistance active ».

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