Les lombrics (aussi) débordent de pesticides

Photo d'illustration ©Natfot de Pixabay

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Une étude publiée dans Agriculture, Ecosystems & Environment montre la concentration inquiétante de produits phytosanitaires dans les sols et vers de terre. En moyenne, 3,5 pesticides différents ont été détectés par ver de terre étudié.

Une équipe de chercheurs de l’‘Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae) s’est rendu au sud de Niort dans le département de Deux-Sèvres pour analyser la teneur en pesticides des sols et des vers de terre dans la Zone Atelier Plaine et Val de Sèvre. Les scientifiques se sont intéressés à des parcelles agricoles conduites de façon conventionnelles ou biologique mais également à des prairies et des haies n’ayant jamais reçu de traitements phytosanitaires. Ils ont étudié l’espèce de vers de terre Allolobophora chlorotica. Les résultats publiés dans Agriculture, Ecosystems & Environement et sur le site de l’Inrae montrent que 92 % des vers étudiés contenaient au moins un pesticide. Un tiers (34 %) en comprenait cinq ou plus. Le produit le plus présent est un insecticide, l’imidaclopride, qui a été retrouvé dans 79% des organismes. En moyenne 3,5 pesticides ont été détectés par individu à des concentrations assez élevées chez certains d’entre eux.

Les analyses effectuées sur les sols ont montré que tous les prélèvements effectués contenaient au moins un pesticide de synthèse. En moyenne 8,5 pesticides ont été retrouvés par échantillon. 83 % des échantillons contenaient cinq pesticides ou plus, et 38 %, 10 ou plus. Les chercheurs ont constaté que la contamination dépendait du profil du couvert végétal. Les sols sous céréales renfermaient un plus grand nombre de produits phytosanitaires que les sols sous prairies ou haies. La concentration des produits y étaient également plus importante. En moyenne, pas moins de six pesticides ont été détectés dans les sols sous céréales issues de l’agriculture biologique. Par ailleurs, parmi les 93 échantillons collectés dans des habitats non traités, 83 % d’entre eux contenaient plus de trois pesticides. Il a enfin été noté que dans 46 % des cas, les mélanges de pesticides présentaient un risque élevé de toxicité chronique pour les vers de terre, que ce soit dans les sols des cultures céréalières traitées ou dans des habitats non traités et communément considérés comme des refuges pour la faune.

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