Dans un courrier adressé à Stop Ambroisie et au Réseau Biodiversité pour les abeilles, la Direction Générale de la Santé reconnaît l’échec de la lutte contre l’ambroisie.
La prolifération de l’ambroisie et son impact sur la santé font parler d’eux année après année. Ainsi, entre 540 000 et 764 000 personnes sont allergiques à cette plante en région Auvergne-Rhône-Alpes (13,3% de la population rhônalpine en 2014, contre seulement 8,5% en 1999), et le coût global de la prise en charge médicale est évalué entre 59 et 186 millions d’euros par an en France. Par ailleurs, déjà plus de 5 000 communes françaises ont fait l’objet d’un signalement d’ambroisie à feuilles d’armoise, et une parcelle agricole sur trois est touchée par le phénomène. Dans un communiqué, Stop Ambroisie et le réseau Biodiversité pour les abeilles, qui ne cessent de « répéter depuis des années que la maîtrise de l’ambroisie n’est possible que si les pouvoirs publics rendent plus coercitives la lutte avec de véritables sanctions dans le cas où celle-ci ne serait pas effective« , se sont adressés à la Direction Générale de la Santé (DGS). Le Professeur Salomon, le directeur général de la santé, leur a répondu par une lettre, que les ONG perçoivent comme un aveu d’impuissance. « La possibilité de mettre en demeure puis de sanctionner les propriétaires qui ne mettent pas en œuvre les mesures prescrites dans l’arrêté préfectoral n’est actuellement pas permise en l’absence de disposition législative le prévoyant« , leur a-t-il écrit. Selon elles, la lutte contre l’ambroisie est aujourd’hui laissée « à la libre appréciation des maires et en retirant toute possibilité de sanctions. Depuis cette date, les résultats d’analyse de la situation de l’ambroisie en France continuent de se dégrader ce qui signifie que ces mesures sont inadaptées et doivent être améliorées. »
Concernant l’agriculture, le Professeur Salomon affirme que tout ce qui concerne les « questions relatives aux variétés résistantes aux herbicides et à l’éventuel classement des ambroisies à la liste des espèces nuisibles aux végétaux » relève des compétences du ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation. En raison de ses caractéristiques biologiques, l’ambroisie se développe fortement dans les parcelles de tournesols, culture aux multiples bénéfices agronomiques. Excellente tête d’assolement et faiblement consommatrice d’eau, la production de tournesol nécessite en outre peu d’intrants. Le tournesol est par ailleurs un garde-manger précieux pour les abeilles qui en font leur miel. « La réduction des surfaces serait une catastrophe économique pour le secteur apicole déjà durement éprouvé ces dernières années » s’inquiète Philippe Lecompte, apiculteur professionnel bio et Président du Réseau Biodiversité pour les Abeilles. « C’est toute la filière des oléo-protéagineux qui est aujourd’hui menacée, et avec elle des dizaines de milliers d’emplois directs et indirects« , affirme le communiqué. La diminution des surfaces de tournesol n’a néanmoins rien d’inéluctable, selon les ONG : les solutions techniques existent. « Le gouvernement doit simplement en garantir un accès durable aux agriculteurs« .
Ainsi Stop Ambroisie et le Réseau Biodiversité pour les Abeilles réitèrent auprès de l’État leurs trois revendications fortes dans leur communiqué :
- « Rendre la lutte contre l’ambroisie véritablement obligatoire et revoir les compétences des différentes collectivités – il est en effet impératif de ne pas laisser les maires seuls dans le combat contre les espèces invasives.«
- « Faire reconnaître la pollution aérobiologique au même niveau que la pollution chimique – car les polluants organiques altèrent la qualité de l’air, au même titre que les polluants chimiques.«
- « Inscrire l’ambroisie comme organisme nuisible à l’agriculture – afin de rendre sa lutte obligatoire sur l’ensemble du territoire français et que l’indemnisation des agriculteurs soit possible, lorsque ceux-ci ont mis en place les moyens de lutte nécessaires sur leur terrain.«