Vos produits certifiés respectent-ils vraiment les normes sociales et environnementales ?

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Certifiés « durables », certains produits de supermarchés ont tendance à attirer l’œil du consommateur en les persuadant de faire un choix responsable. Pourtant, un rapport réalisé par l’organisation non-gouvernementale Greenpeace International montre que beaucoup de systèmes de certification font en réalité du « Greenwhashing ».

Le « Greenwhashing » ou « l’écoblanchiment » est un procédé purement marketing utilisé par une entreprise ou organisation pour simuler un engagement écologique et éthique. Bien souvent, cet engagement est trompeur et bien moins important que prétendu, si ce n’est inexistant. L’organisation non-gouvernementale Greenpeace a récemment publié un rapport qui soulève ce problème auprès des systèmes de certification durable comme la RSPO (table ronde sur l’huile de palme) ou encore le FSC (Forest Stewardship Council). Les systèmes de certification fixent une fourchette de normes sociales et environnementales qu’une production doit suivre si elle veut être certifiée « durable » par le label. Ces normes comprennent un ensemble de principes et de critères soumis à évaluation pour être certain que l’entreprise respecte réellement le cahier des charges du système.

Greenpeace a comparé neuf certifications (notamment le FSC, RSPO, Rainforest Alliance Certified et NSF Sustainability Certified Product) à la réalité du terrain selon la manière dont les entreprises traitent les problèmes de déforestation, dégradation des terres, conversion des écosystèmes et violation des droits humains. Le rapport s’appuie sur une analyse approfondie des données publiques des systèmes de certification et sur les avis d’experts. La conclusion principale de Greenpeace est que nombre des 9 systèmes étudiés permettent à des entreprises destructrices de continuer à fonctionner comme si de rien n’était. En décembre 2020, InfoNature.media rapportait les résultats d’une étude publiée dans Nature Sustainability sur les impacts socio-économiques de la certification durable de la table ronde sur l’huile de palme (RSPO). L’analyse a montré que l’efficacité de la certification de cette organisation est incertaine. Les auteurs ont noté que les impacts des certifications de durabilité varient considérablement, que ce soit positivement ou négativement, en fonction de l’endroit où se trouve une plantation. Ils ont réalisé que la certification RSPO ne suffit pas pour compenser l’impact global de l’huile de palme sur les communautés qui dépendaient, auparavant, de forêts intactes.

Dans son rapport, Greenpeace relève que la RSPO a des normes environnementales et sociales relativement fortes sur le papier et encore plus depuis la mise en œuvre de la « High Carbon Stock Approach » (HCSA), une méthodologie qui distingue les zones forestières à protéger des terres dégradées à faible valeur en carbone et en biodiversité. Le rapport soulève que cette certification dispose également de structures de gouvernance multipartites, modérément fortes et transparentes. Toutefois, la mise en œuvre des normes est souvent faible, avec de sérieuses défaillances lors des audits et de nombreux membres qui ne répondent pas à l’ensemble des critères d’adhésion. L’ONG souligne également une faiblesse majeure qui réside dans le fait que la RSPO s’appuie sur des modèles de chaînes d’approvisionnement de masse et de « book and claim ». Cette dernière approche permet de mélanger de l’huile de palme non tracée et non certifiée à des produits qui le sont. Par conséquent, une huile certifiée RSPO ne peut pas être garantie sans déforestation ou violation des droits de l’homme.

Le rapport prend en considération huit autres systèmes de certification et en détaille leurs forces et leurs faiblesses. De manière générale il en ressort que certains systèmes de certification sont dotés de normes solides, mais que leurs mises en œuvre sont relativement faibles et qu’il existe un manque de transparence. Le document relève que certains systèmes ont un impact positif localisé, mais que beaucoup trop d’entreprises certifiées restent liées à la destruction des forêts et des écosystèmes et sont impliquées dans la violation des droits des hommes. Greenpeace conclut que la certification est un outil insuffisant pour lutter contre la destruction des forêts et le non-respect des droits humains et soutient que, pour le moment, la certification permet principalement d’améliorer l’image des entreprises et de stimuler la demande.

Consulter le rapport