France : l’eau des rivières dans un état « calamiteux »

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Plus rare, plus polluée, l’eau des rivières et des nappes phréatiques est dans un « état calamiteux », affirme mardi l’UFC-Que Choisir, qui incrimine des « décennies d’agriculture productiviste » et « l’inaction des pouvoirs publics ».

Dans un rapport sur la « préservation de la ressource aquatique » publié à l’occasion des Etats généraux de l’alimentation, l’association UFC-Que Choisir réclame « une réforme urgente » de la politique de l’eau afin de mettre en place des mesures de prévention des pollutions agricoles et d’appliquer strictement le principe « préleveur-pollueur-payeur ». « Le constat est assez effarant: une ressource qui continue à se dégrader comme si nous subissions une fatalité, a déploré le président de l’UFC-Que Choisir, Alain Bazot, au cours d’une conférence de presse. On a un système à bout de souffle, une gestion aberrante de la ressource », a-t-il accusé, réclamant « une rénovation en profondeur de la gouvernance dans les agences de l’eau », chargées de gérer la ressource. « Dans la moitié du territoire français, les pesticides sont présents dans les cours d’eau à des doses supérieures à la norme autorisée dans l’eau potable ». Cette norme est aussi dépassée dans « le tiers des nappes phréatiques », précise l’UFC-Que Choisir. Pire, dans ces dernières, « les contaminations en nitrates ont progressé, ne laissant plus que la moitié des nappes indemnes ». L’association impute ces « désastres environnementaux » à l’agriculture intensive qui, dénonce-t-elle, « est loin d’avoir corrigé ses pratiques » puisque « les quantités d’engrais utilisées n’ont pas baissé en vingt ans » et que « l’utilisation des pesticides a même augmenté de 18% en 5 ans ». La FNSEA a dénoncé un rapport « caricatural » et « à charge », manipulant les chiffres « quitte à dire des contre-vérités ». Selon des données du ministère de l’Environnement de 2016, « il y a une baisse de 10% des pesticides dans les cours d’eau entre 2008 et 2013« , a déclaré à l’AFP Eric Thirouin, secrétaire général adjoint de la FNSEA et président de sa commission environnement. De même, « il y a une baisse de 14% des teneurs en nitrates entre 2006 et 2014 dans les cours d’eau », a-t-il ajouté.

L’UFC-Que Choisir regrette par ailleurs que la réparation des dommages environnementaux soit toujours très majoritairement financée par les consommateurs. Via leur facture d’eau, ils « payent 88% de la redevance ‘pollutions’ et 70% de la redevance ‘prélèvement’, soit 1,9 milliard d’euros par an », précise-t-elle. L’agriculture, « pourtant responsable à elle seule de 70% des pollutions en pesticides, de 75% des pollutions en nitrates et de la moitié des consommations nettes en eau » ne paie que « 7% de la redevance ‘pollutions’ et 4% de la redevance ‘prélèvement’, en violation flagrante du principe ‘préleveur-pollueur-payeur’ », ajoute l’association. Elle estime par ailleurs que la politique de l’eau dans les régions est « dictée par les intérêts agricoles », ce qui conduit selon elle à privilégier « des mesures essentiellement curatives, trop souvent sans chercher à réduire les pollutions à la source, alors même qu’il est 2,5 fois moins coûteux de prévenir les pollutions que de dépolluer ». L’UFC-Que Choisir dénonce également la ponction de 300 millions d’euros sur le budget des agences de l’eau, prévue dans le projet de loi de finances 2018, au bénéfice d’autres organismes. L’association appelle les consommateurs à se mobiliser en signant sa pétition « Ressource aquatique -STOP à la gabegie ! » et lance une campagne de sensibilisation des parlementaires.

La pétition