Dans un article publié dans les Comptes rendus de l’Académie des Sciences en janvier 2021, une équipe de chercheurs de l’Inrae (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement) menée par Hervé Jactel dresse un « éclairage équilibré et actualisé sur le phénomène de déclin des insectes » et ses causes. Les scientifiques ont formulé trois recommandations qui invitent à une mobilisation urgente.
On est souvent peu sensible au déclin des insectes. C’est vrai que ces petites bêtes n’entrent pas pour la plupart dans la catégorie des animaux « mignons » que tout le monde chérit. Les insectes sont même parfois embêtants, ils peuvent causer de graves dommages aux cultures ou transporter des maladies infectant les hommes et les animaux. Pourtant, « notre planète deviendrait singulièrement inhospitalière sans les services rendus par les abeilles et autres pollinisateurs, les bousiers et autres « recycleurs » et la nourriture que les insectes constituent pour de nombreux animaux », explique l’Inrae (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement). Dans un article publié dans les Comptes rendus de l’Académie des Sciences en janvier 2021, une équipe de chercheurs de l’Inrae menée par Hervé Jactel, spécialiste en entomologie forestière, rappelle l’urgence d’agir pour lutter contre le déclin des insectes en apportant un éclairage « équilibré et actualisé » sur le phénomène.
De nombreuses études récentes font état du déclin des populations d’insectes. Il y a même des dissonances au sein de la communauté scientifique tant il est laborieux de quantifier les pertes à venir. Dans leur article, les auteurs pointent les difficultés qui rendent le constat du déclin compliqué à chiffrer au niveau mondial notamment en raison du manque de méthodes standardisées et de suivis réguliers. Les causes sont quant à elles faciles à identifier. L’équipe de chercheurs de l’Inrae note que la principale raison de ce déclin est l’usage massif de pesticides et la destruction des habitats favorables aux insectes sous l’effet de l’intensification agricole, de l’urbanisation et de l’extension des voies de communication (route). Ensuite, ils notent le changement climatique et les invasions biologiques qui provoquent la mort des insectes par famine, maladies ou prédation.
Les auteurs de l’article invitent à une mobilisation urgente au travers de trois recommandations. Dans un premier temps, les chercheurs demandent à développer des méthodes d’évaluation quantitative et fiable du déclin de la diversité et de l’abondance des Insectes. Ensuite, ils préconisent de s’attaquer aux causes du déclin des Insectes et mieux préserver leur patrimoine naturel dans sa diversité. Le premier levier est de réduire l’utilisation de pesticides de synthèse en agriculture en commençant par bannir ceux à large spectre. Ce qui est possible en développant une gestion de la santé des plantes fondée sur une approche agroécologique où la diversité des pratiques et des espèces, de la parcelle au paysage, favorise le biocontrôle. Enfin, l’équipe de l’Inrae recommande d’inventer une nouvelle relation de l’Homme à l’Insecte en redécouvrant les nombreux services qu’ils nous offrent et en puisant dans leur inventivité des solutions pour le futur. « Les insectes sont des sources de protéines pour l’alimentation animale et humaine, leur biologie peut inspirer des innovations à l’instar de la structure des écailles des ailes du papillon Morpho qui a permis la conception de la surface la plus hydrophobe au monde (utile pour la conception de vitres autonettoyantes) … », indique l’Institut dans son communiqué.