Une étude publiée dans Science Advances recommande de mettre plus d’efforts dans la protection des baleines pour lutter contre le réchauffement climatique.
Contrairement à la plupart des organismes terrestres, les gros poissons marins ne libèrent pas le carbone qu’ils absorbent dans l’atmosphère après leur mort. Ils le séquestrent et l’emportent dans leur chute vers les profondeurs de l’océan. Il s’agit du carbone bleu, cela fait référence au dioxyde de carbone qui est retiré de l’atmosphère. Ce phénomène de séquestration du carbone s’applique aussi bien aux gros poissons qu’aux mammifères marins. Avec la surpêche, des millions de tonnes de dioxyde de carbone ont été rejetées dans l’atmosphère. Une étude publiée dans la revue Science Advances souligne qu’au moins 730 millions de tonnes de CO2 a été relâché depuis 1950 soit environ la même quantité que celle rejetée par 188 centrales électriques en un an. Ces émissions viennent toute de la libération dans l’air du carbone contenu dans les poissons quand ils meurent sur terre ou du carburant utilisé par les navires de pêche. Ces estimations prennent uniquement en compte les chiffres liés à la capture de gros poissons comme les thons, maquereaux et les requins, mais pas celles des plus gros mammifères marins comme les baleines.
L’étude met en avant l’avis de nombreux scientifiques et écologistes selon lequel les subventions à la pêche sont l’un des principaux moteurs de la surexploitation des ressources marines. Selon les résultats, 43,5 % du carbone extrait par les pêcheries dans les eaux internationales provient de zones où il ne serait pas rentable de pêcher sans les subventions des gouvernements. Les auteurs expliquent qu’en plus de réduire les émissions de CO2, mettre fin aux subventions pour cette pêche permettrait de reconstituer les stocks de poissons épuisés.
Cette même logique de séquestration du carbone s’applique aux baleines qui ont longtemps souffert de la chasse. Grâce à leur taille gigantesque, les baleines ont la faculté de séquestrer des quantités faramineuses de carbone. Mais en plus de cela, les baleines fertilisent l’océan avec leurs excréments et leur urine, ce qui entraîne une importante prolifération de phytoplancton. Cet organisme vivant en suspension dans l’eau produit au moins 50 % de l’oxygène dans l’atmosphère et capture environ 40 % de tout le CO2 produit dans le monde selon un rapport du Fonds Monétaire International (FMI) qui date de 2019. Le document indique en effet que « cela équivaut à la quantité de CO2 capturée par 1,70 trillion d’arbres, soit la valeur de quatre forêts amazoniennes ».
Le rapport recommande alors de faire en sorte de laisser les quelque 1,3 million de baleines encore vivantes aujourd’hui à leur propre sort pour que la population se régénère à leur nombre d’avant chasse (4 à 5 millions). Cela permettrait d’augmenter la quantité de phytoplancton et capturer des centaines de millions de tonnes de CO2 supplémentaires par an