Lors du premier vote majeur en Commission de la pêche du nouveau Parlement européen, les 28 députés membres de cette commission ont décidé de réouvrir les vannes de la surpêche en Europe, rendant dérisoires les efforts de quelques pêcheries méditerranéennes en faveur d’une pêche durable.
Avec 20 votes contre 6 (et 2 abstentions), les eurodéputés confirment la position adoptée par l’ancien Parlement en avril 2019. Cette position permet, entre autres, la réintroduction des aides à la construction de nouveaux navires, alors qu’elles avaient été interdites en 2004 en raison de leur rôle direct dans la surcapacité et la surpêche en Europe. «Depuis plus de vingt ans, tous les scientifiques s’échinent à dire que financer la construction de nouveaux navires revient à financer la surpêche. En dépit des engagements pris par l’Union européenne d’interdire ce type de subventions au niveau mondial d’ici 2020 dans le cadre des Objectifs de développement durable et alors que 69% des stocks européens de poisson sont toujours surpêchés, les eurodéputés relancent la machine infernale de la surpêche en Europe. C’est suicidaire ! » exprime Mathieu Colléter, Responsable des relations institutionnelles de l’association Bloom. [ihc-hide-content ihc_mb_type= »show » ihc_mb_who= »1,2,3,4,5″ ihc_mb_template= »1″ ]
D’autres pratiques de pêche sont pourtant possibles, comme le montre le projet Medfish, initié par le Marine Stewardship Council (MSC) et le Fonds Mondial pour la Nature (WWF). En quatre ans, il a permis de cartographier plus de 100 pêcheries et de réaliser une première analyse de la durabilité de 14 pêcheries réparties sur les façades méditerranéennes française et espagnole. Cette première étude couvre 14 espèces différentes, 10 engins de pêche, et plus de 6000 tonnes de poissons, crustacés et coquillages débarquées chaque année. 13 ateliers participatifs (9 en Espagne et 4 en France), regroupant plus de 152 participants d’horizons divers, ont été organisés pour définir un plan d’action pour chacune des pêcheries du projet. Il s’agit notamment d’actions de gouvernance, d’actions de recherche, mais aussi d’actions techniques et d’évaluation d’impacts des activités de pêche qui servent de tremplin pour une mise en œuvre par les pêcheurs, leurs gestionnaires et les partenaires pertinents.
Quand la pêcherie de noisette de mer à la nasse s’est développée en région Occitanie, peu de données scientifiques étaient disponibles sur cette espèce. En 2018, après un diagnostic de durabilité et l’élaboration d’un plan d’action dans le cadre du projet Medfish, le projet PEEXNAC a été lancé en partenariat avec l’organisation de producteurs (OP) du Sud et avec le soutien financier de France Filière Pêche afin de mieux comprendre les caractéristiques biologiques du mollusque.
Perrine Cuvilliers, directrice de l’OP du Sud explique : « La pêche à la noisette de mer s’est développée récemment en Occitanie et il nous a paru primordial d’en savoir plus dès le départ sur la ressource et son environnement. Le projet Medfish a permis de rassembler un ensemble de parties prenantes et d’impulser une dynamique de développement des connaissances qui pourront permettre à une quarantaine de pêcheurs ciblant l’espèce de définir des mesures de gestion adéquates et d’assurer la durabilité de cette activité de pêche grandissante. »
Le travail se poursuit désormais via l’accompagnement des acteurs à mettre en œuvre les actions d’améliorations définies. En France, le projet se focalise sur la pêcherie corse de denti à la palangre, mais également les pêcheries de poulpe au pot et à la nasse et de telline à la drague à main, situées en régions PACA et Occitanie. Pour rendre les résultats de l’ensemble du projet Medfish accessibles au plus grand nombre, et pour permettre leur utilisation par tous les acteurs de la filière, un rapport d’impacts et une base de données des résultats du projet sont disponibles sur le site du projet Medfish.
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