Le Premier ministre japonais Shinzo Abe a réitéré la volonté de son pays de poursuivre sa très controversée chasse à la baleine dite « scientifique » dans l’Antarctique. A l’inverse, le Canada souhaite limiter la pêche au crabe pour sauver ses baleines noires.
Abe a confirmé, comme il le fait depuis plusieurs années, l’intention de son gouvernement d’agir en faveur d’une reprise à terme de la pêche commerciale à la baleine, tandis que l’Agence de la pêche envisage de moderniser son principal navire baleinier. « Nous allons saisir toutes les opportunités pouvant mener à une reprise de la chasse commerciale à la baleine, y compris celles qui pourront se présenter lors de la réunion en septembre de la Commission baleinière internationale», a-t-il déclaré devant le Parlement en réponse à une question sur la politique du pays dans ce domaine. Il s’est dit favorable à une poursuite de l’usage traditionnel par le Japon de la viande, de la graisse et des fanons de baleines « de manière respectueuse de l’environnement sur la base de données scientifiques, comme pour toute autre ressource marine». De son côté, l’Agence de la pêche a demandé l’allocation de 100 millions de yens (740 000 euros) du budget national pour la réalisation d’une étude sur l’avenir de la pêche commerciale. Cette étude se penchera entre autres le sort du Nisshin Maru, le vaisseau de tête de la flotte baleinière japonaise, vieux de 30 ans, a indiqué un responsable de l’agence, Takato Maki. « Cette étude comprendra des discussions sur ce que nous devons faire du Nisshin Maru, si sa vie doit être prolongée par des réparations ou s’il doit être remplacé par un navire usagé ou neuf, parmi d’autres suggestions », a déclaré M. Maki.
Le Japon est signataire du moratoire sur la chasse de la Commission baleinière internationale, mais utilise une faille du texte qui autorise la chasse aux cétacés pour des visées scientifiques. La Cour internationale de Justice avait sommé le Japon en 2014 de mettre fin à ses campagnes de chasse régulières dans les eaux de l’Antarctique, soulignant qu’elles ne correspondaient pas aux critères scientifiques requis. La consommation de baleine a une longue histoire au Japon, pays de pêcheurs où le cétacé a été chassé pendant des siècles. L’industrie baleinière a connu son essor après la Seconde guerre mondiale, pour apporter des protéines animales aux habitants du pays. Cependant, la demande des consommateurs japonais a considérablement diminué ces dernières années.
De l’autre côte de l’océan Pacifique, le gouvernement canadien a annoncé que la pêche au crabe dans le Golfe Saint-Laurent va être sérieusement encadrée pour protéger les baleines noires, également appelées baleines franches, espèce menacée et décimée par le trafic maritime et les équipements de pêche. La réduction de la quantité de cordage autorisée sur l’eau, un marquage plus précis des bouées et cordages, ou la déclaration obligatoire de la perte de tout équipement de pêche sont les principales mesures prises pour réduire la mortalité des baleines noires tout en responsabilisant les pêcheurs. Ces mesures « contribueront à réduire l’enchevêtrement » des baleines noires dans les filets, cordages et casiers de pêche et à « mieux comprendre les interactions entre les baleines et les engins de pêche », a indiqué le gouvernement dans un communiqué. Depuis juin, douze baleines noires sont mortes dans le Golfe du Saint-Laurent (est), qui abrite près du quart des 458 derniers représentants de ce cétacé, parmi « les plus menacés au monde », avait souligné en octobre le rapport du Réseau canadien pour la santé de la faune. L’activité humaine est la principale cause de mortalité de cette espèce menacée, avait indiqué les scientifiques à l’issue des autopsies réalisées sur les carcasses échouées. Le gouvernement canadien devrait dévoiler de nouvelles mesures « très agressives » pour protéger les cétacés au moment où la saison de pêche au crabe des neiges s’ouvrira au début du printemps, a averti Dominique Leblanc, ministre des Pêches lors d’une conférence de presse. Les autorités avaient mis en place l’an dernier une limite de vitesse à 10 nœuds marins pour les chalutiers dans le Golfe du Saint-Laurent afin de réduire leur impact sur le milieu naturel des baleines. Des centaines de violations à ces limitations ont été constatées, selon les médias locaux.