Pluie au Sahel, Belle-dame au jardin

Photo d'illustration ©irenewirsing de Pixabay

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Une nouvelle étude publiée dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences montre que les conditions climatiques sub-sahariennes affectent le succès de reproduction des insectes migrateurs tel que le papillon belle-dame.

La belle-dame (Vanessa Cardui) est un papillon qui migre chaque année vers les régions du nord après avoir passé l’hiver dans le sud. La taille de sa population migratrice diffère d’année en année. Des scientifiques soupçonnent depuis longtemps que les conditions de croissance des plantes dans les lieux de reproduction hivernale de ces papillons sont à l’origine des variations importantes du nombre d’individus. Dans une nouvelle étude publiée dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS), une équipe de chercheurs montre que les effectifs printaniers des papillons sont fortement influencés par l’importance des précipitations de la mousson en Afrique subsaharienne au cours de l’été et de l’automne précédents.

Les auteurs ont constaté que des pluies abondantes dans cette région entraînent des inondations qui alimentent la végétation dont les larves de papillons se nourrissent en hiver. Ils notent ainsi que 2009, 2015 et 2021 ont été des années particulièrement humides, favorisant l’essor du nombre de belles-dame. Pour arriver à cette conclusion, l’écologiste Jason Chapman de l’université d’Exeter et ses collègues ont rassemblé 21 ans d’observations de papillons, de l’Afrique occidentale à l’Europe occidentale ainsi que des données correspondantes sur les conditions environnementales et des mesures par satellite de la croissance de la végétation.

Les chercheurs notent  que les années humides sont relativement rares dans la région sub-saharienne. En effet, seuls trois flux migratoires « spectaculaires » en Europe ont été observés (2009, 2015, 2021). Selon l’auteur de l’article et écologiste Constantí Stefanescu, du Musée des sciences naturelles de Granollers, ces résultats aident les scientifiques à envisager les conséquences d’un changement climatique sur ces insectes. Les auteurs remarquent que la crise du climat modifie le régime des pluies au Sahel, et ce, de manière complexe : les événements pluvieux sont plus intermittents, mais plus forts et ont tendance à se produire plus tard dans la saison et plus souvent dans la région centrale du Sahel. « Ces changements auront sans aucun doute un impact sur les générations de belle-dame au sud du Sahara et influenceront probablement les migrations vers l’Europe, mais il est difficile de prévoir exactement comment ces changements se manifesteront », expliquent-ils.

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