Sacs, fils de pêche, emballages : le catalogue des plastiques qui étouffent les animaux marins

Photo d'illustration ©-Richard-Carey-Fotolia

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Un lamantin en Floride a avalé tant de sacs plastiques qu’il avait une boule de la taille d’un melon dans l’estomac, une autre dans les intestins, et il est mort. Un bébé tortue avait ses fragiles intestins perforés par de multiples fragments plastiques de quelques millimètres. Un rapport fait état de l’impact de la pollution plastique sur la faune marine aux États-Unis.

Ce sont quelques-uns des près de 1.800 cas de tortues et mammifères marins ayant avalé ou s’étant retrouvés emmêlés dans des objets en plastique au large des côtes américaines depuis 2009, selon un rapport de l’ONG américaine Oceana publié jeudi 19 novembre, et qui tente de décrire l’impact cumulé de la pollution plastique sur la faune marine aux États-Unis dans la dernière décennie, malgré la généralisation des gestes de recyclage.

Les objets les plus fréquemment ingérés par les animaux sont les lignes de pêche, les emballages alimentaires, les sacs plastiques, les ballons et les bâches. Les liens en plastique et les ballons avec ficelles sont les coupables les plus fréquents d’emmêlement des animaux. Plus de 900 espèces, incluant oiseaux et poissons, sont concernées par le problème, dont de très nombreuses protégées et en voie d’extinction, écrit Oceana dans son étude. Pour les tortues et les mammifères, des lois obligent les agences publiques à enregistrer chaque incident observé dans des bases de données mais ces informations n’étaient pas compilées, jusqu’à ce que l’ONG les interroge et comptabilise les incidents.

« Il y a sans doute bien plus de cas qui n’ont pas été observés« , dit à l’AFP l’autrice principale de l’étude, Kimberly Warner, scientifique chez Oceana. L’ONG veut que le rapport, bien que non exhaustif, serve de « catalyseur » pour changer le comportement des gens. Parmi les tortues ingérant du plastique, 20% étaient des bébés. « Juste après avoir brisé leur coquille, lors de leur premier voyage vers l’océan, ils mangent déjà du plastique qui se trouve sur nos plages« , dit Mme Warner. Quand les animaux meurent, c’est souvent par le blocage de leurs intestins, qui empêche les animaux de se nourrir. Ou bien une sorte d’anneau en plastique enserre le cou des animaux et les étouffe à mesure qu’ils grandissent. « Ils ne peuvent plus respirer« .

« Et parfois, c’est le poids des articles dans lesquels ils sont coincés qui les empêche de remonter à la surface pour respirer« , ajoute l’experte.  Les sources de pollution sont difficiles à comptabiliser : des déchets légers qui s’envolent des côtes et des plages, des décharges mal fermées ou des déchets exportés par navire et dont une partie tombe en mer. La solution passe sans doute par ces trois domaines, et en amont par une réduction de notre dépendance au plastique. « Les entreprises emballent tout en plastique« , se lamente la chercheuse.