🔻 Pêcher de petits poissons pour favoriser la sélection naturelle

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Une étude publiée dans la revue Ecology Letters analyse les mécanismes d’évolution des populations de poissons pêchés afin de comprendre la diminution de la taille du corps de ces animaux.

D’après les observations de scientifiques, la taille des poissons pêchés tend à réduire depuis les années 1960. La pêche intensive provoque en moyenne une diminution de 30 % de la taille du corps de l’animal. Ce phénomène serait dû à la pêche préférentielle des poissons de grande taille. Dans un communiqué, l’Inrae (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement) indique que cette hypothèse est à revoir puisqu’elle revient à considérer la sélection naturelle comme une force évolutive négligeable. La force évolutive correspond au mécanisme selon lequel les individus d’une espèce présentant des caractères les plus avantageux pour survivre dans un environnement, sont ceux qui vont plus facilement se reproduire. Des chercheurs de l’Inrae, du CNRS (Centre national de recherche scientifique) et de la Sorbonne université se sont alors intéressés aux mécanismes d’évolution inhérents aux populations de poissons pêchés. Ils se sont penchés sur des populations de medaka, une espèce servant habituellement de modèle en laboratoire.

Les premières recherches ont été effectuées il y a 5 ans. Les scientifiques sont partis du principe que la sélection naturelle favorise les poissons de grande taille (car les grands individus sont avantagés dans la compétition pour les ressources alimentaires) mais que la pêche, en réduisant le nombre d’individus et donc la compétition, diminue la pression de la sélection naturelle pour ceux de grande taille.

Les résultats publiés dans la revue Ecology Letters confirment que la sélection naturelle favorise bien les individus de grande taille, mais uniquement à des fortes densités de population. Il a été observé que dans le cas contraire, la pêche sélective conduit au maintien de poissons plus petits dans les populations et, en parallèle, diminue les densités de populations. « Ainsi, une sélection naturelle dépendante de la densité serait à l’œuvre, impliquant un double phénomène : la sélection directe de poissons plus petits et l’affaiblissement simultané de la sélection naturelle pour une grande taille », explique l’Inrae dans son communiqué.

Les auteurs concluent alors que pour lutter contre le rapetissement des poissons, il faut agir sur plusieurs fronts : pêcher des poissons plus petits et veiller à maintenir des abondances en poissons suffisamment élevées pour que la sélection naturelle puisse agir. L’institut souligne par ailleurs l’importance d’agir aussi bien pour les populations de poissons que pour l’industrie de la pêche. En effet « cette diminution en taille réduit les rendements de la pêche, et a des conséquences écologiques importantes : des poissons plus petits sont des prédateurs moins efficaces et des proies plus faciles. »

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