🔻Les réserves de biosphère en Afrique : des résultats concluants

Photo d'illustration ©zeljko_mihic de Pixabay

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Le projet Evamab (2017-2019) a permis d’évaluer les besoins réels et les inquiétudes des acteurs concernés sur quatre sites pilotes en Afrique de « réserves de biosphères ». Les sites présentent des résultats satisfaisants et encourageants pour poursuivre dans cette démarche.

Les réserves de biosphères sont nées du Programme sur l’homme et la biosphère (ensemble d’organismes vivant qui se développe sur la Terre), lancé en 1971 par l’UNESCO. Ce programme est garant de plus de 700 réserves de biosphères à travers le monde, chacune bénéficiant d’un statut de protection et d’un mode de gestion au niveau international qui lui est propre. Une réserve de biosphère correspond à un territoire reconnu par l’UNESCO, conciliant la conservation de la biodiversité et le développement durable avec l’appui de la recherche, de l’éducation et de la sensibilisation. Le projet Evamab (2017-2019) réunit un consortium de scientifiques belges, s’appuyant sur l’aide d’homologues africains pour s’attaquer à certaines problématiques spécifiques. L’idée est, entre autres, de présenter la notion de services écosystémiques au travers d’ateliers participatifs pour aider les différents acteurs à cerner les enjeux et les inciter à débattre sur les questions de préservation. Le projet Evamab s’est concentré que quatre sites pilotes en Afrique : le Bénin, la Tanzanie, l’Ouganda et l’Éthiopie. Chacun d’entre eux présente une grande diversité d’écosystèmes et de systèmes socio-économiques. L’objectif est ainsi d’évaluer les besoins réels et les inquiétudes des acteurs concernés de manière participative.

Luc Janssens de Bisthoven, coordinateur du programme CEBioS qui a lancé Evamab explique dans un article publié sur le site d’informations The Conversation expliquant les recherches effectuées dans les différents sites en Afrique. Au Bénin, elles ont été réalisées sur le parc national de Pendjari, « un des derniers grands refuges pour la mégafaune d’Afrique de l’Ouest, comme les lions et les éléphants. Son paysage se compose aussi bien de savanes, de zones humides que de rivière en bordure du Sahel ». En Tanzanie, le site sélectionné est le parc national du lac Manyara « en raison de sa densité de faune sauvage, son lac alcalin et son importance pour le tourisme et les communautés locales ». En Ouganda, les chercheurs ont travaillé sur le parc national du Mont Elgon, un écosystème afromontagnard transfrontalier avec le Kenya, « menacé par la densité humaine, la dégradation de la forêt et des glissements de terrain dévastateurs ». Enfin, en Éthiopie, le projet a pris comme cas d’étude le lac Tana, situé sur les hauts plateaux du pays, à la source du Nil Bleu. « Ce lac abrite des pêcheries et des trésors culturels comme des monastères orthodoxes vieux de plusieurs siècles, mais ces eaux sont de plus en plus menacées par la jacinthe d’eau, une plante invasive ».

M. de Bistohoven indique que les résultats ont été assez bons concernant ces quatre sites pilotes : « l’un des résultats majeurs de ce projet a consisté en l’élaboration d’un guide pratique d’évaluation des services écosystémiques dans les réserves de biosphère africaines ». Le projet a également permis de découvrir que la clé d’une gestion efficace des réserves de biosphère en Afrique était d’y faire participer activement tous les acteurs concernés, aussi bien les autorités locales que les scientifiques, les pêcheurs, les éleveurs nomades ou les agriculteurs. Comme chaque réserve de biosphère présente des problématiques qui lui sont propres, les résultats des recherches ont bien entendu été différents. « Au parc national de la Pendjari (Bénin), il est apparu que le parc représentait des intérêts et enjeux divers pour les différents villages, habités par des ethnies distinctes. Cette réalité implique une approche différenciée quant au classement des services écosystémiques par ordre de priorité : par exemple, certains acteurs sont davantage focalisés sur l’agriculture ; d’autres, sur la possibilité de travailler en tant que guides touristiques, etc. », note l’auteur de l’article publié dans The Conversation. Il précise par ailleurs que pour éviter les conflits liés à la préservation de l’environnement dans cette région, il est nécessaire d’établir un rapport de confiance et de développer une compréhension mutuelle. Dans le parc national de Manyara en Tanzanie, les chercheurs se sont aperçus que les perceptions des éleveurs nomades étaient complètement différentes de celles des agriculteurs locaux. Cette information permet aux responsables des réserves de biosphère d’assurer une préservation plus personnalisée, répondant aux besoins des différentes communautés.

De manière générale, le projet Evamab a permis de montrer l’importance d’une approche centrée sur les acteurs pour analyser et évaluer les services et les inconvénients écosystémiques. Le guide pratique réalisé au cours des trois années de recherches sur les sites ainsi que la production de onze mémoires de maîtrise, deux mémos politiques et plus de dix articles scientifiques évalués contribuera à rendre la préservation de l’environnement et du développement durable indissociables, « ce qui est l’objectif même des réserves de biosphère », souligne M. de Bistohoven.

Voir l’article publié dans The Conversation