Une étude publiée dans la revue Scientific Reports tente de démontrer la pertinence des codes-barres ADN pour suivre le déclin des insectes pollinisateurs.
Il devient urgent de surveiller les populations d’abeilles sauvages actuellement en déclin. Les services écosystémiques qu’elles fournissent sont essentiels pour la biodiversité, mais également pour l’humain. Une étude menée par des chercheurs de l’INRAE (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement) et publiée par Scientific Reports propose d’utiliser la technique de codes-barres ADN pour réaliser des inventaires de ces petites bêtes parfois difficiles à identifier si l’on se base uniquement sur leur morphologie. Les codes-barres ADN permettent d’identifier un grand nombre d’individus et de mesurer la richesse d’espèces ainsi que les abondances.
Les chercheurs ont concentré leurs recherches sur la région Centre-Val de Loire dans le cadre du projet POLLEN qui a pour ambition de déterminer l’influence du paysage et de l’environnement sur la diversité et les quantités d’abeilles sauvages. Ils ont généré des codes-barres ADN pour 2931 spécimens représentant 157 espèces collectées le long de la Loire autour de trois grandes villes (Tours, Orléans et Blois). Au total, 36 espèces ont été trouvées dans les zones fortement urbanisées, soit plus d’un cinquième du total des espèces identifiées. Une telle richesse est surprenante et encourageante. La quasi-totalité des espèces capturées (96,17%) a pu être identifiée sans ambiguïté grâce à la méthode des codes-barres ADN, y compris plusieurs espèces étroitement apparentées qu’il est notoirement difficile de discriminer par leur seule morphologie.
L’identification précise de l’espèce pour plusieurs genres d’abeilles nécessite des connaissances taxonomiques avancées ainsi limitées à quelques experts ou même complètement indisponibles dans de nombreux pays. Un obstacle qui peut être surmonté grâce à l’utilisation du code-barres ADN que l’INRAE qualifie « d’outil innovant ». Comme cela a été le cas pour cette étude, certains codes-barres très précis ont permis de distinguer les abeilles difficiles à séparer par leurs différences morphologiques mineures.