L’Initiative mondiale sur la migration des ongulés (GIUM), en partenariat avec la Convention des Nations Unies sur la conservation des espèces migratrices appartenant à la faune sauvage (CMS) rassemble 92 scientifiques et gestionnaires de la faune sauvage. Dans un article paru dans la revue Science, la GIUM présente les objectifs d’un projet d’Atlas mondial pour cartographier les migrations d’ongulés afin de mieux les protéger.
La migration des ongulés (mammifères à sabots) est un processus essentiel qui favorise l’abondance des troupeaux dont les effets se répercutent en cascade le long du réseau trophique. En effet, les ongulés migrateurs fournissent la base de proies qui maintient les grandes populations de carnivores et de charognards et sous-tend la biodiversité terrestre. Une récente publication dans la revue Science explique que lorsque les ongulés se déplacent en grands rassemblements, leurs sabots, leurs excréments et leur urine créent des conditions qui favorisent la formation de communautés biotiques distinctes. Les communautés biotiques correspondent à l’ensemble des êtres vivants entre lesquels de nombreux liens existent notamment d’interdépendance, de compétition ou de symbiose.
Les migrations d’ongulés ont permis à l’homme de subvenir à ses besoins pendant des milliers d’années, formant des liens culturels étroits entre les populations autochtones et les communautés locales. Cependant, les migrations d’ongulés disparaissent à un rythme alarmant. Les scientifiques cherchant à protéger ces animaux se heurtent à un manque considérable de cartographies suffisamment détaillées pour guider une conservation efficace. Face à ce constat, un collectif de 92 scientifiques et gestionnaires de la faune sauvage dont l’INRAE (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement), le CNRS (Centre national pour la recherche scientifique) et l’OFB (Office français de la biodiversité) ont lancé l’Initiative mondiale sur la migration des ongulés (GIUM), en partenariat avec la Convention des Nations Unies sur la conservation des espèces migratrices appartenant à la faune sauvage (CMS).
Cette initiative est possible grâce à l’essor des dernières technologies de suivi GPS des animaux, des logiciels de cartographie et des plateformes de partage de données. Ces outils, combinés aux connaissances locales et indigènes, permettent de décrire et cartographier les migrations d’ongulés actuelles et futures. Le projet rassemble également une documentation importante des connaissances locales et historiques pour cartographier les migrations perdues. L’idée est de créer un atlas mondial des couloirs de migration qui aidera à identifier les menaces qui pèsent sur ces espèces animales, et à proposer des mesures de préservation ou de conservation adaptées.
L’atlas sera destiné aux gouvernements, aux populations et communautés locales, ainsi qu’aux gestionnaires de la faune sauvage. Les données aideront les décideurs à déterminer, le long des routes migratoires, quelles sont les zones de conservation prioritaires et les actions à y entreprendre. Pour atténuer ou éliminer les effets barrières des infrastructures existantes et les rendre plus respectueuses de la vie sauvage, ces actions peuvent se traduire par l’extension d’aires protégées ou l’installation de structures de franchissement des routes.