Oiseaux chanteurs : pour aller plus loin, ils volent plus haut

Photo d'illustration ©Psubraty de Pixabay

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Une étude publiée dans la revue Science a suivi la migration de minuscules oiseaux chanteurs et montre qu’ils sont capables de voler plus haut et plus longtemps pour franchir des points d’eau ou des déserts.

Le rossignol des rivières, aussi appelé Rousserolle Turdoïde (Acrocephalus Arundinaceus), est un petit oiseau chanteur qui a pour habitude de traverser de longues étendues d’eau et de désert lors de sa migration. Alors qu’il ne pèse pas plus de la moitié d’une balle de golf, il parcourt deux fois par an 7 000 km entre l’Europe du Nord et l’Afrique Subsaharienne. Ces capacités impressionnantes suscitent la curiosité des scientifiques. Une nouvelle étude publiée dans la revue Science est venue suivre la migration de ces minuscules oiseaux nocturnes et montre qu’ils volent jusqu’à des heures avancées de la journée et jusqu’à 6 000 mètres d’altitude, soit trois fois plus hautqu’en temps normal.

Les auteurs ont équipé 63 rossignols des rivières d’enregistreurs de données – de petits « sacs à dos » qui peuvent surveiller quand, à quelle hauteur et où ils volent lors de leurs voyages semestriels entre la Suède et l’Afrique. Ils ont obtenu des données utiles sur 14 d’entre eux. De manière générale, les migrants nocturnes passent leurs nuits à voler et se reposent pendant la journée. Mais ici, la plupart des oiseaux étudiés qui ont traversé un point d’eau ou un désert à l’aube ont continué à voler lorsque le soleil s’est levé, montant haut dans le ciel. Un oiseau est resté en l’air pendant plus de 32 heures. Et au lieu de rester à des altitudes typiques de moins de 2000 mètres, certains oiseaux se sont élevés à plus de 6000 mètres. Les scientifiques soulignent que ce phénomène est impressionnant notamment, car de telles altitudes peuvent être très stressantes pour ce genre de petits oiseaux. À 6000 mètres, l’oxygène est rare et la température est en dessous de zéro.

Comme d’autres oiseaux chanteurs migrateurs, les rossignols des rivières ont un cœur relativement gros et des sacs d’air dans les poumons conçus pour augmenter le taux et l’efficacité des échanges d’oxygène. Selon l’étude, les muscles de vol, qui travaillent dur, gardent probablement l’oiseau au chaud, malgré la baisse de température de 22 °C. Sissel Sjöberg, autrice principale de l’analyse, explique que cet effet de refroidissement pourrait être l’une des raisons pour lesquelles ces oiseaux volent si haut. « À l’aube du jour, les rayons du soleil peuvent faire des ravages et la seule façon pour eux de contrebalancer ce réchauffement externe est de s’élever fortement au lever du soleil »

Accéder à l’étude