Par une publication dans la revue Scientific Data, une équipe de chercheurs européens lance « WOODIV », une base de données qui recense des informations sur plus de 200 espèces d’arbres euro-méditerranéens. Cette plateforme va permettre de mieux cibler les efforts de conservation pour ces arbres, bien moins connus que ceux d’Europe du Nord et d’Europe centrale.
Les forêts du bassin méditerranéen couvrent environ 22 % de la superficie totale des terres et abritent un grand nombre d’espèces endémiques. La biodiversité des arbres du bassin reste cependant peu connue aux niveaux taxonomique, spatial, fonctionnel et génétique. Or, ces informations sont essentielles pour entreprendre des actions de conservation efficaces. Dans la revue Scientific Data, une équipe de chercheurs annonce le lancement de « WOODIV », une base de données pour ces lacunes en fournissant des connaissances sur 210 espèces d’arbres euro-méditerranéen. Les arbres d’Europe méditerranéenne sont bien moins connus que ceux d’Europe du Nord et d’Europe centrale, mais également moins documentés que ceux des autres climats méditerranéens comme en Californie.
Le bassin méditerranéen est la plus grande région au climat méditerranéen, mais jusqu’à présent, il n’existait pas de phylogénie datée complète des taxons ligneux. Cinq pays participent à WOODIV : l’Espagne, la France, l’Italie, la Croatie et la Grèce. Leur objectif est de rassembler et transférer les connaissances sur les arbres méditerranéens des bases de données nationales éparses vers un ensemble de données normalisées de haute qualité. Ils ont tout d’abord établi la liste complète des espèces d’arbres en Europe méditerranéenne.
Les botanistes ont rassemblé la liste de chaque pays pour établir une liste de contrôle et ont fait la première découverte du projet : l’inventaire des arbres méditerranéens européens est beaucoup plus riche que prévu. Anne-Christine Monet, autrice principale de l’article, explique dans une publication parue sur le site Springer Nature – une société d’édition universitaire – que « de nombreux arbres méditerranéens ne sont généralement pas pris en compte, car leurs individus au port arborescent ne sont pas bien connus ». Elle précise qu’en suivant strictement la définition de ce qu’est un arbre, ils en ont trouvé bien plus qu’espéré. Les chercheurs ont ensuite fait l’inventaire des arbres de chaque pays puis ont fait passer les données par plusieurs filtres : des filtres automatiques pour vérifier les erreurs habituelles de géolocalisation (dans le cas d’arbres poussant dans la mer, par exemple) et une vérification par des experts de chaque carte de répartition.
Le jeu de donnée fournit des occurrences, des traits fonctionnels et des données phylogénétiques pour tous les arbres euro-méditerranéens. WOODIV apporte des informations essentielles pour les études biogéographiques sur la distribution spatiale des espèces d’arbres indigènes. Les auteurs estiment que la base de données est d’une grande importance et d’un grand intérêt pour les études macroécologiques dans la zone euro-méditerranéenne en matière de conservation, de biogéographie et d’écologie des communautés.