🔻 Covid-19: la Flotte océanographique française reprogramme progressivement ses campagnes

Photo d'illustration © Defence-Imagery / Pixabay

2169
© Defence-Imagery / Pixabay
⏱ Lecture 3 mn.

La Flotte océanographique française, profondément perturbée en 2020 par l’épidémie de Covid-19, reprogramme progressivement ses campagnes afin de continuer à servir une communauté forte de plus de 3.000 scientifiques œuvrant à la connaissance et à la protection des océans.

« En 2020, on a été très perturbé dans l’organisation des campagnes« , a regretté le PDG de l’Ifremer, François Houiller, lors d’une conférence de presse organisée à l’occasion de la première édition des « Rencontres de la Flotte océanographique française ». Le rendez-vous, organisé en distanciel, réunit quelque 350 membres de la communauté scientifique depuis lundi et jusqu’à jeudi 1er avril. « Des campagnes qui avaient été programmées ont dû être interrompues, pour certaines d’entre elles en cours de route, d’autres ont été annulées« , a-t-il souligné. Quelques 1.800 femmes et hommes embarquent habituellement chaque année sur l’un des 18 navires de cette flotte présente dans les trois grands océans du globe -Atlantique, Pacifique et Indien- et opérée depuis 2018 par l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer) avec le soutient de sa filiale d’armement Genavir.

Sur les plus de 110 campagnes menées chaque année à bord de ses navires, seule une quarantaine a pu être conduite en 2020, selon l’institut basé à Plouzané, aux portes de Brest. « Le 16 mars 2020 on a pris la décision de faire rentrer au plus vite tous les bateaux« , a expliqué à l’AFP Olivier Lefort, directeur de la flotte, qui regroupe l’ensemble des moyens navals français appartenant aux quatre organismes fondateurs que sont le Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), l’Institut polaire français Paul-Émile-Victor (IPEV), l’Institut de la Recherche pour le Développement (IRD) et l’Ifremer. Alors que les petits navires côtiers, qui effectuent des missions de quelques jours tout au plus, ont pu terminer leur mission avant de rejoindre leur port d’attache, cela a été « plus compliqué » pour les bateaux hauturiers, dont le Thalassa, l’Atalante et le Pourquoi Pas? en mission dans les eaux internationales à ce moment-là. « L’Atalante était au large du Pérou, ça a été compliqué, certains équipements étaient à l’eau et puis pour l’équipe à bord ça a été une immense frustration car la mission venait tout juste de commencer« , se souvient Olivier Lefort.

Ce n’est qu’une fois la mise en place de protocoles sanitaires stricts, durant l’été, que les navires ont pu progressivement reprendre la mer. « Nous faisons en sorte que les campagnes partent et reviennent dans un port français, sans escale dans des ports étrangers« , a notamment détaillé François Houllier. « On a la chance de pouvoir s’appuyer sur les Outre-mer », a souligné Olivier Lefort, notant que les flottes océanographiques étrangères, notamment celle de l’Allemagne, ne disposant pas de telles bases, « ont du mal à faire repartir leurs bateaux« . Cependant, certaines des missions qui avaient été interrompues du fait de la crise sanitaire n’ont pas encore pu être reprogrammées. « On a privilégié les campagnes qui ne pouvaient vraiment pas attendre du fait d’un risque de perte de données ou d’équipements, ou celles relevant d’une mission de service public comme c’est le cas pour celles consistant à évaluer les populations de poissons« , a souligné Olivier Lefort, jugeant les conséquences d’une annulation de campagne « très lourdes » pour les équipes scientifiques, alors qu’elles doivent notamment plusieurs années avant le début d’une campagne, boucler de nombreux dossiers de demande de financement. « Les équipes scientifiques sont toujours très motivées et déterminées à programmer des campagnes malgré les difficultés« , s’est félicité Olivier Lefort, évoquant les autres défis à venir pour la flotte que sont son renouvellement et la diminution de son emprunte environnementale.

La Flotte océanographique française, parmi les cinq plus grandes au monde avec celles des États-Unis, du Royaume-Uni, d’Allemagne et du Japon, sert une communauté scientifique de plus de 3.000 chercheurs, ingénieurs et techniciens. Avec 18 navires et plusieurs équipements mobiles et systèmes sous-marins, elle participe à des campagnes d’évaluation des populations de poissons, mais aussi d’amélioration des connaissances sur le climat, les ressources minérales profondes, la biologie et la biodiversité profonde ou encore l’activité sismique sous-marine.