Quatre hauts responsables de l’IPBES (plateforme internationale sur la biodiversité et les écosystèmes) alertent sur le fait qu’une relance qui ne privilégierait pas la protection de la nature serait porteuse de pandémies plus graves que le Covid !
« Une seule espèce est responsable de la pandémie de COVID-19 : la nôtre. Comme pour les crises climatiques et de biodiversité, les récentes pandémies sont une conséquence directe de l’activité humaine, en particulier nos systèmes financiers et économiques mondiaux, basés sur un paradigme limité qui valorise la croissance économique à tout prix. Nous avons une fenêtre de courte durée pour surmonter les défis de la crise actuelle et éviter de semer les germes de futures autres ».
Les quatre auteurs n’y vont pas par quatre chemins : dès le premier paragraphe, le ton de leur tribune est donné. Pour eux, les décisions qui sont prises en ce moment pour relancer l’économie, et celles à venir, doivent impérativement aller dans le sens d’une meilleure santé des écosystèmes. Sinon ? C’est simple :« Ceci n’est pourtant peut-être qu’un début. Les maladies transmises aux humains par les animaux sont déjà à l’origine d’environ 7000 00 décès chaque année. Le potentiel de pandémies futures est encore plus dévastateur. On estime que 1,7 million de virus non identifiés du type connu pour infecter les humains sont présents chez les mammifères et les oiseaux aquatiques. N’importe lequel d’entre eux pourrait constituer la prochaine « maladie X » – potentiellement encore plus perturbatrice et mortelle que le COVID-19 ».
Bien que l’IPBES précise que « l’article (…) n’est pas un produit formel de l’IPBES, mais de quatre experts mondiaux, s’appuyant sur les résultats des rapports d’évaluation de l’IPBES », le texte est bel est bien publié, en 8 langues, sur le site de la plateforme, qui lui apporte de la sorte une incontestable caution.Les auteurs y plaident pour le concept de« santé universelle » : « nous devons adopter une approche « Un monde, une santé » à tous les niveaux de prise de décision, du mondial au plus local, en reconnaissant les interconnexions complexes entre la santé des personnes, des animaux, des plantes et l’environnement que nous partageons. Les services forestiers, par exemple, définissent généralement la politique relative à la déforestation, et les bénéfices reviennent en grande partie au secteur privé, mais ce sont les systèmes de santé publique et les communautés locales qui paient souvent le prix des épidémies qui en résultent. Une approche « Un monde, une santé » garantirait que de meilleures décisions soient prises en tenant compte des coûts et des conséquences à long terme des actions de développement, pour les personnes et la nature ».
En France et dans le monde, les responsables politiques clament depuis le début de la crise qu’ils arrêtent leurs décisions en fonction des indications délivrées par les scientifiques. Après ceux du GIEC, les chercheurs de l’IPBES viennent donc à leur tour de se prononcer. Seront-ils aussi entendus que le sont les médecins ?