Deux litres d’eau de mer : c’est tout ce qui est désormais nécessaire pour détecter la présence de requins dans l’océan grâce à la méthode de l’ADN environnementale, selon une nouvelle étude.
Comme tous les animaux, y compris les humains, les requins répandent constamment de l’ADN dans leur milieu à travers des morceaux de peau, du mucus, du sang et même des excréments, et ces fragments de matériel génétique peuvent fournir des indices vitaux sur l’endroit où ils se trouvent. Partant de ce constat, un groupe de chercheurs de la Florida International University (FIU), du New College of Florida et de la Havenworth Coastal Conservation ont récemment fait équipe pour développer une nouvelle méthode de détection de la présence de requins à pointes noires (Carcharhinus limbatus) dans la baie de Terra Ceia, une baie semi-fermée de la côte ouest de la Floride. Alors que de nombreux scientifiques utilisent des filets maillants ou des palangres pour effectuer des relevés sur les requins, ces chercheurs ont testé des échantillons d’eau pour y détecter l’ADN environnemental (ADNe) des requins. [ihc-hide-content ihc_mb_type= »show » ihc_mb_who= »1,2,3,4,5″ ihc_mb_template= »1″ ]
Sur une période de deux ans, l’équipe a prélevé 58 échantillons d’eau de 2 litres, et a détecté la présence de pointes noires dans 27 d’entre eux. L’ADNe des pointes noires était plus abondant au printemps et en été, c’est-à-dire au moment où ils utilisent la baie comme nurserie. A l’inverse, il y avait moins d’ADNe dans l’eau à l’automne, c’est-à-dire lorsque les requins commencent à quitter la zone. Si les chercheurs étaient d’abord sceptiques quant à la sensibilité de la méthode pour détecter le schéma temporel des augmentations et des diminutions de l’abondance du requin à pointe noire dans la baie au fil des saisons, ils affirment dans leur étude que les détections n’ont pas été aléatoires, mais ont suivi clairement le schéma saisonnier de façon constante sur deux ans.
L’ADNe ne dure pas très longtemps dans l’eau. Les bactéries, les rayons UV et l’acidité le décomposent rapidement et le dissipent en quelques heures ou quelques jours. De l’ADNe détecté signifie forcément qu’un requin est présent ou qu’il l’était très récemment. Une méthode qui, bien qu’elle puisse révéler la présence de requins, n’est encore pas assez poussée pour pratiquer un véritable décompte de population.
Les scientifiques comptent toutefois en poursuivre le développement, en améliorant sa précision et sa rapidité. Davantage d’échantillonnages seront automatisés, à l’aide d’un planeur qui récoltera l’eau et la testera directement pour identifier la présence et l’abondance de requins. Un protocole qui pourra être intégrée dans des programmes existants de surveillances des requins, des espèces extrêmement menacées par les activités de l’homme.
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