Les moustiques transgéniques seraient-ils contre-productifs ? (1 mn)

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L’utilisation de moustiques génétiquement modifié, à des fins de contrôle des populations de moustiques sauvages porteurs de virus, pourrait avoir des conséquences inattendues, avertit une nouvelle étude.

Depuis 10 ans, des moustiques génétiquement modifiés sont utilisés par la société Oxitec afin de voir s’ils pourraient supprimer les populations de leurs congénères naturels et porteurs de virus tels que Zika et la dengue. Elle relâche ainsi des moustiques Aedes aegypti mâles (et qui donc ne piquent pas), porteurs d’un gène qui devrait détruire la plupart de leur progéniture avant l’âge adulte. Toutefois, une équipe de chercheurs vient de tirer la sonnette d’alarme sur cette méthode: certains descendants des moustiques génétiquement modifiés survivraient et produiraient à leur tour des descendants qui atteindraient également leur maturité sexuelle. Les moustiques locaux hériteraient ainsi de parties du génome des moustiques génétiquement modifiés, indique leur rapport. [ihc-hide-content ihc_mb_type= »show » ihc_mb_who= »1,2,3,4,5″ ihc_mb_template= »1″ ]

Avant de procéder aux lâchers pilotes de ses moustiques modifiés au Brésil, en Malaisie et dans les îles Caïmans, Oxitec avait précisé qu’en laboratoire, lorsque les mâles de moustiques génétiquement modifiés s’accouplaient avec des femelles sauvages, environ 3 % de leur progéniture survivait. « Ce qui n’était pas clair, c’est si ces rares descendants, souvent malades en laboratoire, pouvaient eux-mêmes produire de la progéniture », explique Jeffrey Powell, généticien des populations de l’Université Yale, qui a réalisé l’étude avec des chercheurs brésiliens. Pour voir si les survivants s’en sortaient assez bien dans la nature pour répandre leur ADN, il a contacté les collaborateurs d’Oxitec à la veille d’un grand essai sur le terrain dans la ville brésilienne de Jacobina. De 2013 à 2015, Oxitec a libéré environ 450 000 moustiques mâles génétiquement modifiés par semaine, ce qui, selon l’entreprise, a réduit la population globale de moustiques d’environ 90 %. Powell et ses collaborateurs ont prélevé des moustiques dans plusieurs quartiers avant, pendant et durant les 3 mois qui ont suivi l’essai. Au sein de ces populations, ils estiment qu’entre 5 % et 60 % des insectes avaient de l’ADN de la souche Oxitec dans leur génome – jusqu’à 13 % du génome dans un cas. Bien que, chez ces descendants, aucun moustique porteur des transgènes d’Oxitec n’ait été prélevé, l’étude suggère qu’ils pourraient être « plus robustes » que leurs parents, c’est-à-dire par exemple plus résistants aux insecticides, voire plus susceptibles de transmettre les maladies à leur tour.

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