Un « chaînon manquant » lève le voile sur le mystère de l’évolution des tortues (1 mn 30)

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Tortue géante des Galapagos (Chelonoidis nigra)
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Comment la tortue est-elle devenue tortue ? C’est une question que les scientifiques se posent depuis des années: un fossile décrit mercredi dans la revue Nature apporte quelques indices.

Les tortues possèdent des caractéristiques bien particulières: leur carapace est composée d’un plastron et d’une coquille, soudés au squelette de l’animal. Leurs mâchoires n’ont pas de dents, mais sont recouvertes d’un bec. Comment ont-elles acquis ces caractéristiques ? C’est « l’une des énigmes les plus tenaces de l’évolution », selon les chercheurs. Un nouveau fossile découvert en Chine, baptisé Odontochelys semistestacea et vieux de 220 millions d’années, pourrait représenter le « chaînon manquant ». La tortue primitive présente des cotes larges et plates le long du dos, ce qui pourrait être un commencement de carapace. Ce n’est pas tout, « il s’agit de la première tortue fossile à bec, déclare à l’AFP Chun Li, chercheur à l’Académie chinoise des sciences de Pékin et coauteur de l’étude. Ce qui est intéressant, c’est que même si un bec s’est développé, les dents ont été préservées, c’est donc une mâchoire à demi-bec et à demi-dent, une excellente caractéristique de transition », a-t-il ajouté. Les scientifiques disposent de très peu de fossiles de tortue et l’identification de leur ancêtre fait encore débat. Une théorie soutient que les tortues partagent le même ancêtre que la plupart des reptiles, mais certains experts pensent que la forme du crâne des tortues modernes est une preuve du contraire. Pour Chun Li, ce nouveau fossile fait pencher la balance vers la première théorie. D’autres squelettes de tortues primitives ont été découverts ces dernières années, y compris un spécimen vieux de 220 millions d’années, sans coquille sur le dos mais avec un plastron entièrement formé. Un autre fossile, vieux de 240 millions d’années, ne présente aucune trace de carapace. Chun Li est tombé par hasard sur Odontochelys semistestacea, lorsqu’un musée lui a demandé en 2015 d’examiner ses fossiles de reptiles marins. Il était encore dans la roche. « Personne ne savait ce que c’était », explique le chercheur.