Une revue systématique et une étude prouvent que les dépendances vertes sont aussi riches en insectes que les milieux naturels, et que les petites parcelles agricoles hébergent plus de pollinisateurs que les grosses.
La première revue systématique de France sur la biodiversité s’est intéressée aux insectes des dépendances des infrastructures linéaires de transport (routes, autoroutes, voies fluviales, voies ferrées, gazoducs, lignes électriques). Cette vaste synthèse bibliographique, conduite par l’unité mixte de service Patrinat de l’Agence Française pour la Biodiversité (AFB), du Muséum National d’Histoire Naturelle (MNHN) et du Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), en conclut que ces dépendances vertes (accotements, fossés, talus, terre-plein, etc) sont aussi riches en nombre et en diversité d’espèces d’insectes que les milieux naturels analogues. La revue systématique précise par ailleurs que la gestion et la situation de ces abords d’infrastructures détermine largement la qualité des habitats pour les insectes. Ainsi, privilégier des espèces propres à ces milieux favorise globalement la biodiversité. De même, la proximité des dépendances vertes avec des écosystèmes riches, telles que les forêts, augmente la biodiversité en insectes, tandis que la présence proche de zones urbanisées ou agricoles l’amoindrit.
Toujours dans le domaine des insectes, des chercheurs du CNRS et de l’Institut national pour la recherche agronomique (Inra) ont étudié les conséquences de la taille des parcelles agricoles sur l’abondance des pollinisateurs. En comparant la richesse en abeilles sauvages, domestiques et syrphes de 229 parcelles cultivées de tailles diverses en France, en Espagne, au Royaume-Uni et en Allemagne, ils ont trouvé que les parcelles de petite taille favorisaient leur abondance, notamment grâce à un nombre plus élevé de bordures de champs naturelles. Ainsi, un paysage agricole qui garderait la même surface de production tout en multipliant les petites parcelles hébergerait plus de pollinisateurs. Toutefois l’étude prend le contrepied de certains préceptes d’agroécologie en soulignant que la diversification des cultures, a fortiori si elles sont intensives comme celle du maïs, n’impacte pas forcément positivement les pollinisateurs.