Des scientifiques ont découvert que les récifs coralliens réabsorbent une partie de l’azote issu des déjections d’oiseaux marins.
On pensait que les excréments des oiseaux marins fertilisaient seulement les écosystèmes terrestres des littoraux. Des scientifiques de l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD) ont cherché à établir leur impact sur les milieux marins en analysant les eaux et les coraux entourant les archipels inhabités et isolés d’Entrecasteaux et de Chesterfield, au large de la Nouvelle Calédonie. Ces îlots possèdent la particularité d’accueillir en période de reproduction des dizaines de milliers d’oiseaux marins d’espèces variées, dont la présence entraîne l’accumulation d’énormes quantités d’excréments sur les côtes. Dans leur étude, les chercheurs indiquent que « l’azote contenu dans le guano enrichit localement les eaux marines. Il est même assimilé par les coraux ! » explique la biologiste Anne Lorrain, spécialiste de l’écologie trophique et de la méthode du traçage isotopique utilisé pour les recherches.
Plusieurs aspects du processus doivent être éclaircis : d’abord, la façon dont l’azote pénètre l’eau de mer. La chercheuse émet l’hypothèse d’un transport des éléments du guano via des résurgences d’eau douce en mer, ou encore de dépôt direct de fientes dans l’eau par les oiseaux survolant le lagon. Par ailleurs, les mécanismes permettant aux coraux adjacents aux îlots d’assimiler l’azote dans leurs tissus demeurent obscurs. « Ce nutriment peut être intégré par du plancton, à son tour absorbé par les coraux. L’azote peut aussi être capté sous forme dissoute par les zooxanthelles, les micro-algues vivant en symbiose avec les coraux, et mis ensuite à disposition de leurs hôtes », explique Fanny Houlbrèque, spécialiste de la physiologie des coraux.
L’IRD va désormais chercher à comprendre si cet enrichissement en azote bénéficie ou non à la santé des coraux et s’il améliore leur résistance au phénomène généralisé de blanchissement.