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Tandis qu’un projet d’arrêté en consultation publique fixe entre 36 et 40 le nombre maximum de loups dont l’abattage pourra être autorisé pour la période « 2017-2018 », deux prélèvements dérogatoires viennent d’être autorisés jusqu’à fin Juin 2017.

Les ministres de la Transition écologique et de l’Agriculture, Nicolas Hulot et Jacques Mézard, ont autorisé l’abattage de deux loups supplémentaires sur le territoire national, portant à 40 le nombre de ces animaux pouvant être tués sur une année, selon un arrêté publié au journal officiel le 16 Juin. « En supplément du nombre maximum fixé par l’arrêté du 5 juillet 2016 et par l’arrêté du 10 avril 2017, la destruction de deux loups (mâles ou femelles, jeunes ou adultes) peut être autorisée par les préfets » dans le cadre de « tirs de défense » et de « tirs de défense renforcée », d’ici au 30 juin, indique l’arrêté. Ces tirs sont autorisés par dérogation, le loup étant une espèce protégée en Europe. Le 30 mai, un loup avait été abattu dans la Drôme, épuisant ainsi le quota de 38 animaux pouvant être tués sur un an, du 1er juillet 2016 au 30 juin 2017, un quota destiné à protéger les troupeaux ayant subi des attaques.

Dans le même temps, une consultation publique sur le projet d’arrêté fixant le nombre maximum de spécimens de loups dont l’abattage pourra être autorisé pour la période « 2017-2018 » a été ouvert sur le site Internet du ministère de la Transition écologique. Le projet d’arrêté fixe « entre 36 et 40 » le nombre de loups pouvant être supprimés entre le 1er juillet 2017 et le 30 juin 2018, avec un premier plafond de 30 loups au-delà duquel les tirs de prélèvement seront interdits, pour éviter que ce seuil ne soit atteint précocement. La politique de gestion des loups de Nicolas Hulot s’inscrit donc pour l’instant dans la continuité de celle menée par l’ex-ministre de l’environnement Ségolène Royal.

Les abattages dérogatoires tout autant que la consultation publique ont été fortement critiqués par le collectif CAP Loup regroupant les associations Aspas (Association pour la protection des animaux sauvages), Férus et la Société française pour l’étude et la protection des mammifères (SFEPM). Ces dernières regrettent un projet d’arrêté « qui sacrifie, comme les années précédentes, des dizaines de loups pour contenter les lobbies agricoles et cynégétiques, sans résoudre aucune des difficultés des éleveurs et sans favoriser la cohabitation entre les loups et les activités humaine ». Le collectif demande ainsi « l’arrêt des abattages et la mise en place d’une vraie politique de cohabitation entre les activités humaines et les loups ». Le 13 juin, il avait déjà interpellé Nicolas Hulot à travers sa campagne de communication « Stop aux tirs des loups », soutenue par des personnalités comme Yann Arthus-Bertrand, les acteurs Jacques Perrin, Hélène de Fougerolles, Brigitte Bardot ou l’humoriste Guillaume Meurice.

Prenant le contre-pied des associations de protection de la nature, la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) et la Fédération nationale ovine (FNO) réclament une « tolérance zéro » face au loup, brandissant le chiffre de 10 000 animaux d’élevages tués par les canidés en 2016. Selon un décompte non définitif, les Alpes-Maritimes sont le département ayant enregistré à la fois le plus dégâts dans les troupeaux (près de 3 000 bêtes) et le plus de tirs d’abattage de loups (14). Viennent ensuite la Savoie (1 780 bêtes, 6 loups tués), les Alpes-de-Haute-Provence (1 193 bêtes), le Var (928), les Hautes-Alpes (777) et l’Isère (709). « Qui aura le courage de dire que la présence du loup a un coût économique et financier croissant et démesuré ? 25 millions d’euros pour la seule année 2016 ! », s’alarment les organisations agricoles.

Pour justifier les prélèvements dérogatoires et le projet d’arrêté « 2017-2018 », le ministère de la Transition écologique a rappelé le dernier bilan dressé par l’Office nationale de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) attestant de l’augmentation de la population de loups, qui atteint désormais 357 individus répartis pour la plupart en 42 meutes, contre 293 individus et 35 meutes en 2016. Malgré cette dynamique, une étude publiée en Mars dernier par des experts de l’ONCFS et du Muséum National d’Histoire Naturelle (MNHN) avait souligné que le taux de prélèvement actuel des loups compromettait leur survie à long terme.

La consultation publique