La Coordination rurale (CR) a offert une prime controversée de 1.000 euros pour tout « loup mort » en Haute-Vienne, poussant le préfet à effectuer un signalement au parquet face à cette menace contre une espèce protégée, a-t-on appris vendredi auprès de la préfecture.
Le 21 juillet, une brebis a été blessée à Bussière-Poitevine, à 60 km au nord de Limoges. Selon la préfecture, « aucun élément » ne permet néanmoins « d’attribuer la blessure de la brebis à une attaque de loup ».
« Pour nous, c’est un loup », répond le syndicat agricole, qui a promis cette somme à toute personne « qui ramènera un loup mort », une proposition qui est « bien sûr » une provocation.
« C’est pour agiter un peu, taper un coup dans la fourmilière », explique à l’AFP le président de la CR Thomas Hégarty, éleveur de chèvres et de bovins, selon qui personne n’a encore réclamé la prime.
Pour le responsable syndical, environ « 20-25 bêtes » ont été tuées en Haute-Vienne cette année.
Pour les seuls ovins, la préfecture dénombre, elle, 16 prédations signalées en 2024 mais seulement quatre cas où « la responsabilité du loup n’a pas été écartée ». En 2023, 20 prédations avaient été signalées, avec trois cas suspects.
« Les constats ne permettent pas d’établir un front de sédentarisation en Haute-Vienne », précise à l’AFP la préfecture, qui a effectué un signalement au parquet de Limoges après l’appel de la CR.
« Porter atteinte à la conservation d’espèces animales non domestiques » est puni de trois ans d’emprisonnement et de 150.000 euros d’amende.
L’association écologiste One Voice a dénoncé une « incitation à commettre des infractions ».
« Pour chaque loup tué illégalement, nous n’hésiterons pas à traîner en justice les braconniers et la Coordination rurale », a annoncé One Voice, disant avoir « mis en demeure le syndicat » de retirer ses publications.
Thomas Hégarty confirme avoir reçu « un courrier » mais persiste à vouloir alerter sur les dangers du loup. « J’espère que ces gens-là n’auront jamais affaire à un de leurs enfants (…) attaqué par un loup », répond-il, citant le cas d’une fillette mordue aux Pays-Bas en juillet.
Le retour du loup en Europe, où le prédateur avait été pratiquement exterminé, ne se fait pas sans heurts, principalement en raison d’attaques contre du bétail, donnant lieu à des échanges parfois enflammés entre partisans et opposants du carnivore.
En 2023, la présence de canis lupus était attestée dans 23 pays de l’Union européenne avec une population d’environ 20.300 individus.