Dix-sept personnes ont écopé de lourdes peines d’emprisonnement, dont deux à vie, pour leur appartenance au plus gros réseau de trafic d’ivoire jamais débusqué en Chine, qui brassait pour des millions d’euros de défenses venues d’Afrique.
L’intérêt de certains Chinois pour des sculptures et bijoux réalisés en ivoire a conduit ces dernières décennies à un intense braconnage d’éléphants sur le continent africain. La Chine a interdit le commerce de l’ivoire fin 2017, alors qu’elle était autrefois le premier marché mondial. Les importations avaient été bannies dès 2015. Des mesures qui ont permis d’améliorer la situation, même si un marché noir perdure. Un tribunal de la grande métropole de Canton (sud) a indiqué mardi avoir condamné à la prison 17 personnes impliquées dans la contrebande de plus de 20 tonnes d’ivoire entre 2013 et 2018.
La valeur totale de la marchandise, venue du Nigeria et d’autres pays non cités dans le communiqué, était de plus d’un milliard de yuans (125 millions d’euros). Les cargaisons transitaient via Singapour ou la Corée du Sud, selon le tribunal qui parle de « la plus grande affaire de trafic d’ivoire » depuis la création de la République populaire de Chine en 1949. Deux hommes identifiés comme les cerveaux de l’organisation ont été condamnés à la prison à perpétuité. Un verdict d’une rare sévérité. « Les personnes reconnues coupables de contrebande de produits animaux rares sont généralement condamnées à des peines de cinq à 10 ans de prison » en Chine, souligne l’avocat spécialisé Li Zongsheng.
« Les deux condamnations à perpétuité prononcées dans cette affaire sont assez inhabituelles. Cela montre que les autorités veulent véritablement sévir contre les marchands d’ivoire illégal« , note M. Li, qui milite pour des lois plus strictes en matière de protection de la vie sauvage. Les 15 autres inculpés ont été condamnés à des peines allant de deux à 15 ans de prison. Plus de 20.000 éléphants étaient tués chaque année avant l’interdiction le 31 décembre 2017 par la Chine de la vente et de la transformation d’objets en ivoire, selon l’ONG environnementale WWF. D’après cette dernière toutefois, la mesure a poussé les consommateurs chinois à se rendre en Thaïlande, au Laos, au Japon ou au Vietnam, où les ventes perdurent. L’ivoire reste recherché en Chine, où les objets ciselés (sculptures représentant des scènes bouddhistes, sceaux ou encore paires de baguettes), représentatifs d’une longue tradition d’artisanat, sont prisés de certains collectionneurs.