Réunis au Luxembourg, les ministres de l’Agriculture de l’Union européenne poursuivaient mardi 20 octobre de « dures négociations« , qui pourraient se prolonger tard dans la nuit, pour s’entendre sur la prochaine Politique agricole commune (PAC) et notamment l’introduction de réglementations écologiques contraignantes, a indiqué l’Allemande Julia Klöckner.
Rassemblés depuis lundi 19 octobre, les ministres des Vingt-Sept pays membres de l’Union européenne tentent de trouver une majorité qualifiée sur trois textes cruciaux déterminant l’orientation et le fonctionnement de la prochaine politique agricole commune (PAC). « La journée sera encore longue, il s’agit de négociations dures. Nous avons siégé jusque tard dans la nuit » de lundi à mardi, a expliqué à la mi-journée la ministre allemande de l’Agriculture, dont le pays occupe la présidence tournante de l’UE.
« Personne ne veut perdre de l’argent et bien entendu, tout le monde veut verser des paiements à ses agriculteurs« , a observé Julia Klöckner avant une reprise des pourparlers. Une ébauche de compromis n’était pas attendue avant 21 heures, selon une source proche, laissant présager d’âpres discussions nocturnes. L’Allemagne propose que les primes versées aux agriculteurs pour soutenir les pratiques respectueuses de l’environnement deviennent obligatoires, avec un budget minimum. Jusqu’à présent, ces « écorégimes » étaient volontaires.
« Nous devons introduire des réglementations écologiques contraignantes. Il s’agit d’un changement de système« , a martelé mardi Julia Klöckner, qui en fait une ligne rouge mais reconnaît un blocage persistant sur ce point. Autre source de friction : « Nous devons introduire un budget minimum obligatoire (pour les écorégimes), bien que ce ne soit pas ce sur quoi les chefs d’État et de gouvernement se sont mis d’accord« , a-t-elle insisté. Berlin propose que les gouvernements y consacrent 20% des aides directes européennes versées aux agriculteurs.
Plusieurs pays (France, Suède, Danemark…) souhaitent également des écorégimes « obligatoires » et des normes harmonisées pour tous les pays de l’UE pour ne pas créer de distorsion de concurrence. Mais certains gouvernements, notamment en Europe de l’Est, y restent hostiles, redoutant de perdre des fonds européens si un nombre insuffisant d’agriculteurs participent aux programmes environnementaux. D’autres, menés par l’Autriche, s’y opposent aussi car ils veulent conserver leur marge de manoeuvre, estimant en faire assez pour l’environnement via les investissements pour le développement rural (deuxième pilier de la PAC).
« Nous ne pouvons pas laisser chaque État décider d’introduire ses propres normes environnementales et climatiques plus strictes, et décider du budget à utiliser pour cela« , répliquait mardi Julia Klöckner. La PAC est également examinée cette semaine par le Parlement européen. Etats et eurodéputés devront trancher de concert d’ici début 2021 sur les règles qui s’appliqueront à partir de janvier 2023.