Réunis lundi à Paris pour le 55ème anniversaire du Traité de l’Elysée, Emmanuel Macron et Angela Merkel ont reçu un courrier des ONG françaises et allemandes de protection de la nature.
Signé par France Nature Environnement (FNE), la LPO (Ligue pour la Protection des Oiseaux), Der Bund für Umwelt und Naturschutz Deutschland (BUND), Deutscher Naturschutzring (DNR) et Naturschutzbund Deutschland (NABU), ce courrier rappelle aux deux dirigeants que la coopération franco-allemande ne doit pas s’arrêter à des enjeux économiques :
« Madame la Chancelière, Monsieur le Président de la République,
Les ONG françaises et allemandes sont très favorables à une bonne coopération entre l’Allemagne et la France pour un projet européen ambitieux tel que décrit dans le Traité de l’Elysée qui sera commémoré ce lundi 22 janvier. Les citoyens attendent que leur État et l’Union européenne les protègent ainsi que leur environnement contre les menaces mondiales, tout en les préparant aux défis à venir.
Les défis du passé ne sont plus les défis d’aujourd’hui. L’UE devrait se concentrer sur les Objectifs de Développement Durable et y inclure la restauration et la conservation de la biodiversité, la protection de l’eau et du climat. La manière dont nous organisons notre système alimentaire et agricole est cruciale pour assurer le développement durable de l’Europe et du reste du monde. Cependant, ce système est en crise, ce dont témoigne la disparition des oiseaux et des insectes, la pollution de l’eau et de l’air etc.
En tant qu’ONG environnementales, nous vous demandons, Madame la Chancelière et Monsieur le Président de la République, de :
- Mettre à jour le traité de l’Elysée en plaçant les ODD au cœur d’une coopération étroite entre nos deux pays comme base de travail pour l’Union européenne.
- Prendre la protection de la nature au sérieux en mettant en pratique la transition écologique non seulement pour la conservation de la nature, mais pour l’économie dans son ensemble.
- Engager des projets ambitieux pour limiter le changement climatique à moins de 2 degrés et renforcer la transition énergétique.
Le prochain cadre financier pluriannuel de l’UE sera un bon outil pour montrer comment l’UE agira face à ces défis mondiaux, pour autant qu’elle ne retombe pas dans un exercice de marchandage entre États. Le prochain Conseil européen informel, organisé par le président du Conseil européen, Donald Tusk, sera une première occasion pour faire valoir votre leadership. C’est ici que commencera la discussion sur l’avenir du budget européen qui est encore, pour plus d’un tiers, consacré aux subventions agricoles.
La politique agricole commune (PAC) continue de subventionner un système défaillant. Nous avons besoin de vous pour que ce débat soit orienté vers la transformation du système alimentaire et agricole. La PAC doit être largement revue ; l’Union européenne doit exiger des résultats clairs, et réorienter les subventions vers les biens publics.
Par conséquent, nous vous demandons de prendre la parole lors de la réunion des dirigeants de l’UE le 21 février et de :
- Utiliser les négociations du budget de l’UE, non seulement pour fixer le montant qui revient aux budgets nationaux, mais aussi afin de définir une vision pour l’Europe en supprimant les instruments financiers inefficaces et inefficients.
- Assurer un financement ambitieux pour la conservation de la nature et de la biodiversité en créant un fonds dédié à la nature de 15 milliards d’euros et en abondant le programme LIFE à hauteur de 1 milliard d’euros.
- Créer un budget dont les résultats contribuent à la pleine mise en œuvre des engagements de l’UE en matière de biodiversité, eau, air, sol et climat.
- Mettre fin à toutes les subventions néfastes pour l’environnement et dommageables pour le climat, y compris le premier pilier de la PAC.
- Lancer une transition agricole durable en affectant l’argent public aux biens publics.
Nous, les ONG environnementales, voulons montrer notre soutien au développement durable de notre projet commun qu’est l’Union européenne. Nous voulons être à vos côtés, en tant qu’acteurs sociétaux pour y arriver. Mais pour cela, nous attendons de vous que vous releviez les défis et que vous preniez des mesures audacieuses non seulement pour les personnes que vous représentez mais pour la planète sur laquelle nous vivons tous ensemble.
Nous vous prions d’agréer, Madame la Chancelière, Monsieur le Président de la République, l’expression de notre très haute considération. »