La Mède : Total carbure à l’huile de palme (2 mn)

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La reconversion de la raffinerie Total de la Mède, dans les Bouches-du-Rhône, afin d’y créer une « bio-raffinerie », a été autorisée le 16 mai 2018 par le préfet de la région PACA, préfet des Bouches-du-Rhône.

Ce projet a été décidé en 2015 pour permettre la reconversion d’un site conventionnel de raffinerie et le maintien de 250 emplois sur la plateforme de la Mède, en réduisant l’utilisation de produits pétroliers et les nuisances induites par la plateforme. La modernisation de l’usine de la Mède conduira en effet à une baisse des émissions de gaz à effet de serre (- 75% pour le CO2), de gaz polluants (-93% de dioxyde de soufre ; -98% de poussières) et de produits odorants (-45% de composés organiques volatils) par rapport au fonctionnement de la raffinerie historique. Les riverains de la plateforme connaîtront également une réduction significative des risques d’accidents industriels en raison de la mise à l’arrêt d’unités utilisant des produits toxiques et de la réduction du nombre de bacs de produits pétroliers, remplacés par des panneaux solaires.

Toutefois, dans le cadre de sa stratégie de lutte contre la déforestation importée, prévue par le Plan Climat, le ministère de la Transition écologique et solidaire a souhaité intégrer, dans l’arrêté encadrant le projet, l’impact du biodiesel sur l’environnement et les forêts de manière globale, afin de prendre en compte l’ensemble du processus de fabrication, notamment les sources d’approvisionnement en huiles, dont la durabilité est un enjeu fondamental.

Le projet de la Mède doit donner la priorité au recyclage des huiles usagées, et dans ce cadre l’Etat a fixé, à TOTAL, comme objectif d’utiliser au moins 25 % de matières premières issues du recyclage des huiles (huiles alimentaires usagées, graisses animales, distillats d’acide gras) avant d’autoriser la mise en service de la bioraffinerie.

La Mède participera à la structuration de ces filières encore trop peu utilisées en France et en Europe, alors qu’elles participent à une démarche d’économie circulaire. C’est à terme une filière qui pourra se substituer progressivement à d’autres sources d’approvisionnement. Toutefois, une part importante de l’approvisionnement de la bio-raffinerie proviendra dans un premier temps d’huiles végétales brutes (palme, colza, soja …).

L’autorisation donnée à Total est sévèrement critiquée par les organisations de protection de la nature. « Nicolas Hulot donne carte blanche à Total pour produire du carburant à l’huile de palme sur le site de La Mède, déclare Clément Sénéchal, chargé de campagne « forêt » pour Greenpeace France. Il se félicite d’avoir “encadré” l’utilisation d’huile de palme à La Mède alors qu’il n’a en réalité pu imposer aucune contrainte à Total sur l’approvisionnement de son site en huile de palme. La France ouvre donc tout grand les vannes de l’huile de palme, à rebours de la lutte contre le changement climatique.  

Nicolas Hulot apparaît désormais acquis aux agrocarburants produits à partir d’huile de palme, alors que ceux-ci sont responsables de trois fois plus d’émissions de gaz à effet de serre que les carburants fossiles. Comment un Ministre de la Transition Écologique et Solidaire peut-il ainsi servir de caution à un projet industriel destructeur pour les forêts et la biodiversité de notre planète ? Nicolas Hulot, qui a évoqué un éventuel départ du gouvernement à l’été, semble en réalité avoir déjà démissionné sur ce dossier. A moins d’une stratégie nationale sur la déforestation importée qui corrige radicalement le tir ».