Un amendement déposé en catimini vise à autoriser la circulation automobile sur les plages
C’est un amendement passé inaperçu, dissimulé dans le débat sur le projet de loi dite « un Etat au service d’une société de confiance ». A l’initiative d’Alain Perea, député de l’Aude et vice-président de la Commission du développement durable de l’Assemblée nationale, cet amendement d’apparence anodine vise à déroger à l’article L 321-9 du Code de l’environnement qui indique que « La circulation et le stationnement des véhicules terrestres à moteur autres que les véhicules de secours, de police et
d’exploitation sont interdits, en dehors des chemins aménagés, sur le rivage de la mer et sur les dunes et plages […] ». Le raisonnement des députés signataires est simple : la circulation est interdite « en dehors des chemins aménagés » ? Eh bien, créons des chemins aménagés partout ! Habilement rédigé, l’amendement prévoit quelques garanties cosmétiques (avis –par forcément conforme- de la Commission départementale de la nature, et autorisation préfectorale). Mais les défenseurs du littoral craignent –par expérience- que les préfets ne résistent pas longtemps aux pressions exercées par les élus ou les aménageurs soucieux de permettre à leurs administrés ou à leurs clients d’aller jusqu’à la plage en voiture, au risque de dégrader les dunes et d’accélérer l’érosion côtière.
A ce stade l’amendement, qui a fait l’objet d’un avis défavorable du gouvernement et a été rejeté en commission, n’a pas été examiné en plénière. Mais il est à craindre que les députés signataires ne profitent d’un autre « véhicule » législatif pour revenir à la charge. Le premier de ces signataires, Alain Péréa, était jusqu’à son élection sous l’étiquette La République en marche le directeur du Parc naturel régional de la Narbonnaise en Méditerranée. L’amendement aurait notamment pour effet de pérenniser les « bandes de roulement » audoises qui constituent actuellement une pratique contraire à la lettre et à l’esprit des textes.