Saisie par le ministre de l’écologie, l’Autorité a rendu son avis sur le projet de forage exploratoire de Total sur la zone de Nasua, au large de la Guyane. L’avis épingle la faiblesse « particulièrement préoccupante » de certains volets de l’étude d’impact.
L’Autorité environnementale relève quatre enjeux majeurs dans le projet présenté par Total : la préservation des milieux naturels (habitats naturels marins) et des espèces associées (avifaune, faune marine), la qualité de ces habitats étant reconnue comme exceptionnelle au niveau mondial : les effets des polluants sur les sédiments et le benthos associé et sur la qualité de l’eau ; les effets du bruit sous-marin, notamment lors des tirs d’explosifs ; les conséquences sur les écosystèmes en cas de marée noire.
S’y ajoutent deux enjeux importants : l’apport du projet à l’évaluation et à la maîtrise des impacts des projets sur cet environnement marin, y compris de ceux d’une éventuelle phase d’exploitation ; et plus largement à l’échelle de la planète, les conséquences d’un développement de l’exploitation d’hydrocarbures fossiles par la France dans le contexte de ses engagements pris lors de la 21ème conférence des parties de la convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, conclue par l’accord de Paris, de son plan climat et du principe de l’abandon de l’exploitation d’hydrocarbures après 2040.
Après avoir noté que le dossier présenté est « dans son ensemble, bien construit », et que « L’étude d’impact témoigne d’une réelle volonté d’améliorer l’état des connaissances », l’Autorité relève que « Néanmoins, pour certains volets, la démarche « éviter, réduire, compenser » est très partielle, alors que les retours d’expérience pour des projets de même nature et particulièrement ceux du précédent forage d’exploration dans le secteur Est du permis (mais aussi ceux de la catastrophe Deepwater Horizon dans le golfe du Mexique en 2010) permettraient de mieux les analyser, de mieux démontrer les conclusions proposées voire, dans certains cas, de ne pas rester silencieux.
La faiblesse de certains volets importants pour appréhender les impacts du projet, selon le programme prévu ou en cas d’accident majeur, apparaît ainsi particulièrement préoccupante (toxicité des produits utilisés, impact sur la macrofaune marine notamment du bruit sous-marin, modélisation des conséquences d’une marée noire), l’analyse les concernant étant alors nettement incomplète. »
La veille, l’Institut brésilien de l’environnement avait rendu un avis négatif sur le projet de forage de Total au Brésil, cela au moment ou Total doit renoncer à ses projets iraniens en raison des sanctions décidées par l’administration américaine. Le 1er juin, des militants de Greenpeace ont investi l’assemblée générale du groupe, à Paris, pour « rappeler à Total ses incohérences : « major de l’énergie responsable » le jour, menace pour les écosystèmes marins la nuit ».