Dans un rapport épinglant la déforestation, le Parlement enjoint l’Union Européenne à prendre ses responsabilités vis-à-vis de l’huile de palme.
Le développement des cultures de palmiers à huile a été responsable de 20 % de la déforestation mondiale ces vingt dernières années. « Les écosystèmes tropicaux, en particulier les forêts humides, sont soumis à une pression sans précédent dans l’histoire de la race humaine, écrit la rapporteure Kateřina Konečná dans un rapport adopté le 9 mars par la commission Environnement du Parlement européen par 56 voix pour et 1 contre. De nombreuses espèces animales telles que le rhinocéros de Sumatra, le tigre de Sumatra ou les orangs outangs sont menacées par les monocultures de palmiers à huile, de même qu’un incroyable cortège floristique. « L’huile de palme se trouve aussi au centre de nombreux conflits sociaux et économiques, explique également le rapport. Le rythme auquel ces changements se produisent est alarmant et demande donc une réaction immédiate. »
À peine utilisée il y a encore une trentaine d’années, l’huile de palme est aujourd’hui présente dans une variété d’aliments comme la margarine, les chips, la pâte à tartiner, les biscuits, mais aussi dans les cosmétiques, les détergents et les biocarburants. Ainsi, en 2014, près de la moitié de l’huile de palme consommée en Europe se trouvait dans le diesel. Mais les entreprises qui importent de l’huile de palme sont incapables d’en garantir la durabilité : faute de critères et de contrôles solides, les systèmes de certification « huile de palme durable » sont insuffisants et inefficaces pour lutter contre la déforestation. Parmi les propositions phare adoptées par les députés figurent la suppression de l’incorporation d’huile de palme dans les agrocarburants d’ici 2020 ; le développement de critères de certification de la durabilité plus ambitieux et le renforcement des exigences et contrôles en matière de gestion des plantations.
Le rapport du Parlement européen engage fortement les Etats membres de l’U.E. à prendre leurs responsabilités : « l’Union européenne est le troisième débouché pour l’huile de palme et elle est donc un acteur capital dans les pays tropicaux qui cultivent celle-ci, indique-t-il. Ses États membres, qui sont l’un des acteurs en cause, devraient assumer cette responsabilité en attaquant le problème de front. » L’adoption d’une législation européenne sur l’huile de palme et l’augmentation des taxes à l’importation d’huile de palme en Europe sont ainsi recommandées. L’ensemble des 18 résolutions, si elles sont mises en application, pourraient marquer un tournant dans l’encadrement de l’huile de palme.