Malgré une première victoire judiciaire, les PNR du Luberon et du Verdon ont dû se désister de leur action contre la centrale de Gardanne, sous la menace de Renaud Muselier, président de la région PACA, de leur couper les crédits !
« Il va de soi que nous ne pourrions pas continuer à accompagner des structures qui prendraient une position contraire à celle de la Région sur un projet d’une telle importance pour notre avenir collectif. Il est temps que chacun se ressaisisse et comprenne que l’écologie n’est ni une doctrine ni une idéologie, mais doit être mise au service de l’économie pour faire de la croissance verte un atout et faire gagner la France. » Dans le communiqué de Renaud Muselier, la menace est claire et directe. Et les deux PNR, qui s’étaient émus de l’impact de la centrale à biomasse en projet à Gardanne sur la forêt et plus largement sur la biodiversité de la région, ont dû s’incliner et conclure une convention avec UNIPER, l’exploitant de la centrale.
Pourtant, dans un jugement rendu le 8 juin, le Tribunal administratif de Marseille avait annulé, à leur demande, l’arrêté préfectoral qui autorisait la mise en service de la centrale. « Eu égard à l’importance des prélèvements de l’installation sur les ressources forestières locales disponibles, estimés à au moins 25% des ressources disponibles, et à ses incidences prévisibles sur l’environnement, les requérants sont fondés à soutenir que l’étude d’impact n’est pas proportionnée à l’importance et à la nature du projet, écrivaient les juges. Il appartenait à l’entreprise d’analyser les effets indirects de l’installation sur les sites et les paysages et sur les milieux naturels et les équilibres biologiques, ainsi que le prévoient les dispositions (…) du code de l’environnement. Cette insuffisance de l’étude d’impact, qui revêt un caractère substantiel, a eu pour effet de nuire à l’information complète de la population à l’occasion de l’enquête publique, en ce qu’elle occulte un point essentiel de l’impact du projet sur l’environnement ; elle a également eu pour effet de nuire à l’analyse par l’administration de l’impact du projet en cause. Par suite, les requérants sont fondés à soutenir que l’étude d’impact est entachée d’insuffisance en ce qu’elle ne comporte aucune analyse des incidences des prélèvements de bois nécessaires au fonctionnement de la centrale sur les sites et les paysages et sur les milieux naturels et les équilibres biologiques ».
Pourtant, quelques jours après le rendu de cette décision, le préfet annonçait son intention d’interjeter appel sur instruction du ministre de l’écologie Nicolas Hulot, et accordait une autorisation provisoire de 9 mois à l’exploitant, au mépris de la décision de justice.
France Nature Environnement, également partie au procès, n’a pas encore fait connaître sa décision de poursuivre ou non la procédure.