Une association bretonne demande à Nicolas Hulot d’abroger le décret ministériel autorisant les extractions de sable coquillier en baie de Lannion (Côtes-d’Armor), signé par… Emmanuel Macron.
« Nous avons l’honneur de vous demander d’abroger purement et simplement le décret ministériel du 14 septembre 2015, contraire au Grenelle de l’Environnement, compte tenu des dégâts environnementaux, de l’atteinte aux emplois locaux non délocalisables », écrit l’association Le Peuple des Dunes en Trégor dans un courrier daté de mardi et consulté hier par l’AFP. Le Peuple des Dunes rappelle dans sa lettre que les extractions sont prévues à proximité immédiate de deux sites Natura 2000 « dont la responsabilité de l’Etat français est de maintenir, à long terme, le bon état de conservation de ces aires marine protégées ». Il rappelle aussi la proximité de la réserve naturelle nationale des Sept-Iles qui abrite phoques et oiseaux marins.
Mi-avril, l’association avait déjà écrit à la prédécesseur de M. Hulot, Ségolène Royal, pour lui demander de « bloquer juridiquement, de façon irréversible » ce dossier, objet d’une vive opposition locale.
Le début de l’affaire remonte à 2015. Le 14 septembre, Emmanuel Macron, ministre de l’Économie de l’époque, avait signé un décret autorisant l’extraction de sable coquillier en baie de Lannion. Dans la foulée, les préfets des Côtes-d’Armor et du Finistère avaient publié en décembre des arrêtés permettant l’ouverture des travaux, une autorisation qui devait être renouvelée chaque année. Les préfets n’ayant pas renouvelé ces arrêtés en novembre 2016, la concession est de fait devenue caduque, selon l’association. Le sable coquillier est un sable calcaire destiné à amender les terres agricoles, afin de diminuer leur acidité. La concession est accordée pour une durée de 15 ans, le volume d’extraction étant limité à 250.000 m3 par an. La zone concernée – une dune sous-marine indispensable, selon les professionnels de la pêche – représente une superficie de 4 km2. Déposé en 2010 par la CAN, filiale du groupe Rouiller, ce projet fait l’objet d’une vaste opposition de la part des élus, associations environnementales et groupements de professionnels de la région, parmi lesquels les pêcheurs. Fin 2016, le Conseil d’Etat a rejeté la requête du Peuple des Dunes d’annuler le décret ministériel. Parallèlement, le 5 septembre 2016, le tribunal administratif de Rennes a rejeté un recours en référé demandant en urgence la suspension des arrêtés préfectoraux. Il doit encore se prononcer sur le fond.