Une étude publiée dans la revue Nature révèle qu’entre 51 et 60 % des cours d’eau du monde entier cessent de couler au moins un jour par an en moyenne. Ces recherches visent à faire reconnaître l’importance écologique de ces cours d’eau non pérennes pour gérer adéquatement ces écosystèmes uniques, mais encore trop négligés.
Les rivières et ruisseaux intermittents abritent une biodiversité unique avec de nombreuses espèces adaptées aux cycles de présence et d’absence d’eau. Ils rendent également de nombreux services puisqu’ils jouent un rôle dans le contrôle de la qualité de l’eau et fournissent des sources d’eau et de nourriture essentielles pour les populations. Des chercheurs de l’INRAE (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement) et de l’Université McGill (Canada) ont réalisé une cartographie à l’échelle mondiale de la distribution des cours d’eau intermittents afin de faire reconnaître « la prévalence et l’importance écologique des cours d’eau non pérennes et déclencher des démarches pour gérer adéquatement ces écosystèmes uniques », indique l’INRAE dans un communiqué.
Cette nouvelle étude, publiée dans la revue scientifique Nature, porte sur 64 millions de kilomètres de cours d’eau. D’après les résultats, entre 51 et 60 % d’entre eux cessent de couler périodiquement – au moins un jour par an en moyenne – ou sont à sec pendant une partie de l’année. Les auteurs relèvent qu’à l’instar des rivières et ruisseaux permanents, la valeur et le devenir des cours d’eau intermittents ont tendance à être « négligés ou ignorés ». Pourtant, l’étude suggère que plus de la moitié de la population mondiale vit dans des endroits où le cours d’eau le plus proche n’est pas pérenne. Il a été constaté que le changement climatique lié aux changements d’utilisation des terres et à l’évolution du prélèvement d’eau pour divers usages (agriculture, eau potable, industrie, énergie…) a fait que de nombreux cours d’eau autrefois pérennes sont devenus intermittents au cours des 50 dernières années. « Une proportion de plus en plus importante du réseau fluvial mondial devrait cesser de couler de manière saisonnière au cours des prochaines décennies », indique l’INRAE.
Les chercheurs dénoncent aussi le manque d’intérêt porté à ces cours d’eau qui sont de plus en plus nombreux. L’Institut souligne que « ce n’est que récemment que les scientifiques ont pris conscience de l’importance et de la dégradation rapide des cours d’eau intermittents. Par conséquent, les méthodes scientifiques, les outils de gestion, et les protocoles de surveillance de la santé de ces rivières et ruisseaux sont encore limités ou absents ». Les résultats de cette étude appellent ainsi à une révision des concepts fondamentaux de la science et la gestion des cours d’eau afin de mieux comprendre et gérer de manière adéquate les eaux courantes terrestres et leur biodiversité.