Dans un communiqué du 4 juin, le Syndicat des Vignerons de l’Aude s’attaque violemment à l’association ECCLA, à la Confédération Paysanne et à France Nature Environnement car elles s’étaient publiquement opposées au traitement des vignes par hélicoptère dans l’Aude et l’Hérault.
Selon le texte publié par ce syndicat intitulé « Comme en 40 : quand les écolos veulent la guerre », ces ONG seraient à l’origine du retard des décisions ministérielles autorisant l’usage de l’hélicoptère pour traiter la vigne. « C’est nous prêter une influence que nous n’avons pas », ironisent-elles. Mais c’est surtout l’occasion de traiter les écologistes de « chèvres », de « lobby écolo-bo-bio », pour finir par déclarer que « les écolos nous la jouent régime de Vichy » voire « comme en 40 ! les collabos sont de retour, à la solde de la nazi-écologie ».
Dans sa communication le Syndicat des Vignerons de l’Aude fait un parallèle entre les propos de Maryse Arditi –présidente de l’association ECCLA- incitant à la vigilance citoyenne, et le régime de Vichy, le nazisme et la collaboration pendant la seconde guerre mondiale. Or les ONG n’ont jamais appelé à la violence – encore moins à la solution finale – pour les tenants de la viticulture intensive,
« Ce type de propos désignant nommément une personne qui, de notoriété publique, a vécu la chasse aux juifs pendant la guerre, et dont le père est mort en déportation, ne peut être accepté et doit être puni fermement, écrivent les ONG mises en cause. C’est pourquoi une plainte a été déposée afin qu’une enquête soit menée et que le ou les responsable(s) de ces propos soi(en)t identifié(s) et mis en examen ». [ihc-hide-content ihc_mb_type= »show » ihc_mb_who= »1,2,3,4,5″ ihc_mb_template= »1″]
Pour Simon Popy, président de France Nature Environnement Languedoc-Roussillon, « Qu’on nous donne des noms d’oiseaux, ça arrive et nous en avons vu d’autres. Mais là, il y a des propos qui dépassent gravement les limites de la polémique acceptable. Je ne crois pas qu’on puisse grand chose pour l’auteur de ce torchon, en revanche, je souhaite dire aux viticulteurs de l’Aude que nous sommes nous aussi très inquiets des effets délétères du libéralisme mondialisé sur la viticulture, tout autant que sur l’environnement. Je ne crois pas, en revanche, que le retour des hélicoptères pour traiter les vignes soit la priorité qui mérite une telle mobilisation et une telle outrance ».
Le communiqué incendiaire du Syndicat des vignerons de l’Aude ne fait pas l’unanimité dans la profession agricole. La Confédération paysanne de l’Aude s’est très clairement désolidarisée de ce texte et déclare notamment : « Le brûlot irresponsable que diffuse le Syndicat des Vignerons de l’Aude est une lamentable illustration de l’effet de projection par ses auteurs de leurs propres turpitudes. Plus qu’une attaque de bas étage et une tentative d’exacerber les tensions dans notre profession en désignant opportunément des boucs émissaires, c’est une insulte aux vignerons de notre département, une atteinte á l’honneur et à la mémoire de nos aînés qui ont vécu les sombres années 40 et pour certains ont donné leur vie pour les surmonter. Les défis auxquels est confrontée la viticulture et les vignerons paysans de notre région sont d’une autre dimension que les polémiques indignes d’un syndicat qui se dit majoritaire et ne représente plus que les intérêts corporatistes d’une petite minorité inféodée à un modèle industriel obsolète. La Confédération Paysanne entend effectivement œuvrer à une réorientation stratégique pour un partage équitable de la valeur de nos vignobles. »
Pour la parfaite information de nos lecteurs, nous publions ci-dessous dans son intégralité le texte du Syndicat des vignerons de l’Aude. Chacun pourra juger…
» Comme en 40 : quand les écolos veulent la guerre
Le mois de mai 2020 a été marqué par le travail de l’ensemble de la profession agricole de l’Aude et de l’Hérault pour venir à bout de la contagion au mildiou dans les vignes. Le vendredi 15 mai, une demande de dérogation à l’interdiction des traitements aériens est formulée auprès des ministres de l’Agriculture, de l’Environnement et de la Santé par les deux Chambres d’Agriculture. Retour sur les coulisses d’un imbroglio politico-agricole.
Une fois la demande déposée, grâce au relai de nos représentants nationaux, et forts de l’appui des élus locaux, les contacts avec les ministères sont immédiats. Passons sur les demandes farfelues et déconnectées du terrain, ainsi que les réticences du ministère de l’Environnement. C’est mardi soir que Matignon se décide à trancher : l’autorisation est finalement accordée !
Nous nous endormons alors avec la satisfaction du travail accompli et l’espoir que l’arrêté de dérogation soit publié dans la nuit. Que nenni ! Au chant du coq le lendemain, c’est la douche froide ! L’arrêté n’est pas publié, il le sera peut-être jeudi nous dit-on. Mais sans grande conviction…
L’arrêté dérogatoire ne sera finalement publié que le samedi matin, soit plus d’une semaine après le dépôt de la demande ! Toute cette énergie dépensée pour qu’au final certains vignerons perdent 70 à 80% de leur récolte… en une semaine…
Et toute cette énergie pour que la montagne accouche d’une souris : l’autorisation est accordée, mais seulement pour la bouillie bordelaise. Alors que nous avions proposé d’autres produits, régulièrement utilisés par les vignerons en agriculture raisonnée. Des produits performants, qui ne sont ni cancérigènes ni mutagènes et qui bénéficient d’une autorisation de mise sur le marché permettant l’épandage aérien.
Quelle vaste blague que cette affaire ! A trop vouloir ménager la chèvre et le chou, le Gouvernement a laissé le chou se faire manger… par les chèvres !
Ces chèvres, c’est le lobby écolo-bo-bio qui a su profiter de sa consanguinité avec les cabinets ministériels pour faire traîner le dossier pendant des jours entiers. Et les chèvres de clamer haut et fort que la demande est infondée : le beau temps est revenu, les vignes ont pu sécher. Tout vigneron qui fera appel aux hélicoptères sera crucifié en place publique.
Voilà donc que les écolos nous la jouent régime de Vichy. Voilà que Maryse Arditi, Présidente de l’association ECCLA, fait l’apologie de la délation : « Soyez vigilant. Si vous voyez un hélico déverser des produits, prenez des photos de l’hélico, du nuage, mais aussi de l’état du sol et alertez-nous. Nous envisageons d’attaquer cet arrêté au fond pour qu’il ne crée pas un antécédent pour les années à venir. »
Comme en 40 ! Les collabos sont de retour, à la solde de la nazi-écologie !
Mais ne vous y trompez pas ! La stratégie populiste de ces antitout – FNE en tête, suivie par les petits soldats de la Conf’ – n’a qu’un seul but : faire crever l’Agriculture française !
Tout comme les libéraux ont favorisé la désindustrialisation en délocalisant nos usines en Asie, les écolos veulent délocaliser nos exploitations agricoles en Amérique. Et ils se moquent éperdument du contenu de nos assiettes ou du bilan carbone de ces produits importés du Brésil, du Canada ou des États-Unis, ces pays où l’OGM est la norme.
Mais on s’en fiche, c’est pas chez nous ! Car au pays de l’argent magique, les paysages sont mis sous cloche et sont entretenus à coup de subventions publiques.
Ce sont eux les coupables ! Les responsables d’une crise sanitaire, alimentaire et sociale sans précédent. Et à trop vouloir satisfaire la chèvre, la France ne sait plus garder ses choux.
Et quand l’hiver viendra, la chèvre sera la première à se vendre au marché noir. Comme en 40… Mais les vignerons de l’Aude résisteront. Ils se battront jusqu’au bout. Nous ne plierons pas devant l’ennemi. Comme en 40 ! »
Le Syndicat des Vignerons de l’Aude.
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